Intervention de Jean Bassères

Réunion du mercredi 6 décembre 2017 à 11h00
Commission des affaires sociales

Jean Bassères, directeur général de Pôle Emploi :

Monsieur Mesnier, je ne pense pas avoir les chiffres que vous me demandez. Ce qui m'a marqué, c'est que 19 % des personnes qui s'inscrivent à Pôle Emploi le font en agence parce qu'elles n'ont pas accès à internet ou parce qu'elles ne maîtrisent pas l'outil informatique. Cela veut dire que la fracture et le besoin de formation dont nous parlons pour les populations que nous accompagnons sont une réalité extrêmement forte. Toute la difficulté pour nous consiste à continuer à progresser en matière de services digitaux tout en s'orientant dans le traitement de ces publics. Là encore, on peut faire preuve d'imagination en faisant en sorte que le numérique favorise l'inclusion numérique. Nous travaillons par exemple avec Emmaüs Connect sur des applications qui permettent à ceux qui ne maîtrisent pas le numérique de le faire. C'est une piste sur laquelle j'espère pouvoir progresser dans les prochaines années.

Monsieur Chenu, « La bonne boîte » à laquelle vous faites référence est précisément la réponse à la difficulté que nous avions constatée, à savoir que beaucoup de gens envoient des CV mais ne reçoivent pas de réponses. Comme on sait que la majorité des recrutements se fait sans offre d'emploi, on s'est demandé comment aider les demandeurs d'emploi à envoyer des CV à des entreprises dont on pense qu'elles vont recruter. Les algorithmes que nous utilisons montrent que cette technique marche à 80 %, c'est-à-dire que les entreprises auxquelles nous avons pensé vont bien recruter. Au-delà, il faut bien dire aux demandeurs d'emploi quelle est la réalité du marché du travail, quels sont les secteurs qui recrutent et ceux qui ne recrutent pas, les compétences demandées et les accompagner dans une recherche qui est toujours difficile.

Madame Fontaine-Domeizel, oui, il convient de favoriser au maximum l'adéquation entre la formation et les besoins de la population. Nous estimons avoir notre mot à dire lorsque nous finançons une formation, c'est-à-dire que nous devons pouvoir dire non à un demandeur d'emploi lorsque nous pensons que la formation qu'il veut suivre ne débouchera pas sur un emploi. C'est d'ailleurs l'un des motifs que nous formulons, mais il est parfois mal compris. Il faut que les demandeurs d'emploi comprennent que nous ne sommes pas un guichet de formation, et que celle-ci doit s'inscrire dans un parcours professionnel.

Vous m'interrogez sur le contrôle de la recherche d'emploi. Le dispositif actuel, piloté par les conseillers spécialisés, marche bien et est équilibré. La question qui se pose ensuite est celle du rythme de sa montée en charge, ce qui renvoie à des débats politiques qui me dépassent pour partie. Le faire monter en charge ne pose pas de problème autre que celui du redéploiement des moyens.

Madame Dubié, je pense que Pôle Emploi est mature, mais je ne suis peut-être pas le mieux placé pour en parler. Mon regret est toujours le même : on ne parvient pas à corriger l'image de Pôle Emploi. Ce n'est pas un problème d'ego personnel que de dire cela, mais le fait que les demandeurs d'emploi qui viennent pour la première fois à Pôle Emploi en aient une image négative est pénalisant pour cet établissement. Nous devons mieux faire connaître ce que nous faisons, et il faut qu'on reconnaisse qu'on a des marges de progrès. Avoir un taux de satisfaction de 72 % signifie que 28 % de personnes ne sont pas satisfaites – je pense que ce sont plutôt ces dernières que vous rencontrez dans vos permanences. Il est nécessaire de mieux communiquer sur Pôle Emploi et ses perspectives.

La première mauvaise nouvelle que l'on apprend quand on vient à Pôle Emploi, c'est qu'à partir de l'âge de cinquante ans on fait partie des seniors… C'est un choc émotionnel assez fort. Nous n'avons pas mis en place une offre de services en termes d'accompagnement, parce que la mixité est préférable et que nous voulons un l'accompagnement personnalisé. Il existe des initiatives dans beaucoup d'agences, comme des clubs de seniors, qui permettent à ces derniers de partager leurs préoccupations. Par ailleurs, nous associons des partenaires, comme la Caisse d'assurance retraite et de la santé au travail (CARSAT), qui les informe des conséquences en matière de retraite. Cela dit, je suis pleinement convaincu qu'il nous faut progresser en la matière sachant que 27 % des personnes inscrites en catégorie A sont des seniors.

Madame Ramassamy, toute personne qui suit une formation financée par Pôle Emploi est rémunérée, soit dans le cadre de l'assurance chômage, soit dans le cadre d'un dispositif spécifique. Les propositions de formation font impérativement l'objet d'entretiens, d'échanges avec les conseillers, qui motivent et encouragent le demandeur d'emploi et savent ce qui est le plus adapté, mais ils sont parfois confrontés à des problèmes de charge de travail. En fait, il n'y a pas de règle établie.

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