Intervention de Justine Benin

Réunion du mercredi 17 janvier 2018 à 16h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJustine Benin :

Le groupe Mouvement démocrate et apparentés (MODEM) salue le travail effectué par le CCNE. Nous partageons l'un des principaux objectifs du Comité : faire participer les citoyens à la réflexion éthique et leur permettre de comprendre les enjeux de certaines avancées scientifiques dans le domaine des sciences de la vie et de la santé. Cette dimension est cruciale à nos yeux tant les sujets relatifs à la bioéthique peuvent être sensibles pour nos concitoyens. Nombre de questions se posent dès aujourd'hui sur le plan scientifique, juridique et humain.

Dans le cadre de la révision de la loi de bioéthique, le débat ne devra surtout pas être confisqué, et nous mettrons tout en oeuvre afin que les Français puissent non seulement s'exprimer mais également être véritablement entendus. Il s'agit d'une priorité du Gouvernement ; nous la soutenons. Les choses ne peuvent d'ailleurs pas se passer autrement si nous souhaitons que les débats se déroulent de manière apaisée et qu'ils soient constructifs. Dans cette perspective, pouvez-vous nous indiquer comment le CCNE s'apprête à organiser la concertation en lien avec les territoires ?

Dans le cadre des états généraux de la bioéthique, la procréation médicalement assistée occupera-t-elle naturellement une large place ? Au-delà de cette question importante, pouvez-vous nous indiquer les sujets émergents que le CCNE a pu identifier ?

Permettez-moi de vous interroger maintenant sur des problématiques plus spécifiques à la Guadeloupe où la sensibilisation et la participation du grand public à ces questions demeurent également un enjeu majeur et un défi que nous devons relever.

C'est notamment le cas concernant les problématiques d'infertilité. En raison du faible nombre de donneuses d'ovules afro-antillaises, beaucoup de couples se trouvent dans l'obligation de partir à l'étranger. Doit-on communiquer spécifiquement sur le don d'ovules aux Antilles et dans le Pacifique ? La question vaut aussi pour le don de sperme ? Il faut rappeler que, dans le contexte local, les campagnes nationales ont peu d'impact, et le don de gamètes est très peu envisagé.

Doit-on inciter les jeunes de vingt à trente ans à la préservation de gamètes, en l'absence de projet parental pour préserver leur fertilité ? De très nombreux transmetteurs de la drépanocytose sont demandeurs d'un diagnostic préimplantatoire qui ne peut actuellement être effectué dans les Antilles ou dans le Pacifique. Ils sont contraints de renoncer. Pourquoi ne pas développer au sein du centre de médecine de la reproduction du centre hospitalier universitaire (CHU) de Pointe-à-Pitre, conjointement avec le centre de la drépanocytose, une structure qui permettrait une prise en charge de l'ensemble des couples caribéens présentant un risque ?

En Guadeloupe, comment sensibiliser des couples qui, pour des raisons culturelles ou religieuses, refusent l'interruption médicale de grossesse, alors même que des malformations ou pathologies lourdes sont diagnostiquées en amont ?

Par ailleurs, alors que, dans les Antilles et dans le Pacifique, près de 50 % des adultes sont en situation de surpoids ou d'obésité, comment assurer une sensibilisation et une prise de conscience de la population ? Comment aider à l'éducation d'une population soumise à une consommation excessive et non équilibrée dans un contexte d'incitation majeure, notamment publicitaire ? Comment aider à l'établissement d'une charte éthique pour la production industrielle de produits moins sucrés et moins gras ? Enfin, comment aborder de manière efficace les conséquences de l'obésité sur la santé d'une population fortement touchée par le diabète et l'hypertension artérielle ?

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