Intervention de Stéphane Peu

Séance en hémicycle du mardi 20 février 2018 à 15h00
Élection des représentants au parlement européen — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaStéphane Peu :

Le projet de loi qui nous est proposé a pour colonne vertébrale le rétablissement de la circonscription unique, comme ce fut le cas jusqu'en 1999, donc l'abandon du découpage en huit grandes circonscriptions, qui fut instauré en 2003. Le groupe GDR est favorable à cette orientation. En effet, sans constituer une recette miraculeuse, susceptible à elle seule de « booster » la participation électorale, et encore moins de gommer le rejet de cette Europe technocratique, nous pensons que cette modification va dans le bon sens. Elle aura le mérite de rendre les enjeux plus lisibles, plus politiques et plus compréhensibles, en les débarrassant d'un découpage en circonscriptions qui ne correspond absolument à rien.

Si nous sommes d'accord avec l'épine dorsale du texte, donc, nous sommes davantage contrariés ou circonspects s'agissant des deux vertèbres qui la constituent. Notre premier désaccord concerne le seuil d'accès à la répartition des sièges, que le projet de loi fixe à 5 %. Vous voulez maintenir un seuil aussi élevé pour limiter ce que vous appelez les « effets » du scrutin proportionnel. Mais, pour nous, la juste représentation des sensibilités politiques ne constitue jamais un désordre : elle est au contraire une avancée démocratique nécessaire. Cela nous conduit à plaider pour une absence totale de seuil de représentativité, d'autant plus que l'élection à la proportionnelle, à l'échelle européenne, exclut tout risque de blocage dans la formation d'une majorité. Je rappelle que le seuil de représentativité en vigueur en France est l'un des plus élevés d'Europe.

Nous estimons possible et souhaitable l'absence de seuil pour une représentativité plus juste, à l'instar de ce qui se passe en Espagne, en Belgique et en Allemagne : dans ce dernier pays, un tel seuil est même tout simplement inconstitutionnel. Nous avons défendu une position médiane, qui permettait de gagner en cohérence, en proposant que le seuil retenu pour l'éligibilité, c'est-à-dire 3 %, soit le même que pour le remboursement des dépenses électorales. J'avais perçu, en commission, une certaine ouverture à cette proposition, de la part de M. le rapporteur et d'orateurs de plusieurs groupes. Malheureusement, une fois de plus, la majorité présidentielle a fermé toutes les portes entrouvertes, rejeté toutes les propositions et refusé le débat parlementaire, s'alignant sur les choix du Gouvernement.

Notre second désaccord concerne l'article 2, donc les règles d'organisation de la campagne officielle à la radio et à la télévision. Comme je l'ai indiqué en commission, nous souhaitons un temps de parole équilibré. Or le mode de calcul proposé conduit au contraire à un déséquilibre patent, car il donnerait un temps de parole disproportionné à la liste de la majorité présidentielle. Sur les deux heures réservées aux partis représentés à l'Assemblée nationale et au Sénat, l'expression des communistes serait de trois minutes, celle de la France insoumise de deux minutes et celle de la République en marche de cinquante-cinq minutes. C'est là un véritable étouffoir des forces politiques qui contestent la philosophie libérale de l'Union européenne.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.