Intervention de Jean-Claude Delalonde

Réunion du jeudi 15 février 2018 à 16h30
Commission d'enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires

Jean-Claude Delalonde, président de l'Association nationale des comités et commissions locales d'information :

Lorsque, pour apaiser les inquiétudes que nous exprimons, on nous répond que toutes les dispositions sont prises pour que la situation soit maîtrisée, nous croyons nos interlocuteurs. Mais lorsque la population prend connaissance dans la presse de l'action d'une association, peu importe laquelle, et interroge le maire, elle ne comprendrait pas que celui-ci ne puisse pas lui répondre. Il va donc s'efforcer de les rassurer, mais il prend alors une responsabilité sans avoir d'informations. On comprend la nécessité du secret défense : bien entendu, tout ne peut pas être dit. Mais il faudrait communiquer un minimum d'informations, non pas pour rassurer, mais pour que l'on puisse avoir confiance. Si l'on se contente de dire : « On s'occupe de tout, ne vous inquiétez pas ! », les gens sont inquiets et n'ont plus confiance.

Pour répondre à votre question, madame la rapporteure, lorsqu'on constate la vulnérabilité des piscines, le défaut de pénétration du fond de cuve de Gravelines, le défaut sur la peau interne de l'enceinte du Bugey, les problèmes de stabilité de la digue du Tricastin, les problèmes de corrosion des évaporateurs de La Hague, l'ensemble des anomalies de la cuve de l'EPR, on se dit que la question n'est pas tant celle d'une installation plus vulnérable que d'autres que celle du vieillissement des installations nucléaires et des capacités de l'exploitant à les maintenir dans le référentiel de sûreté pour lequel elles ont été construites à l'origine. L'exploitant ne peut pas se contenter de dire : « Tout va bien ». Ce n'est pas vrai ! Cela ne veut pas dire pour autant que nous préconisons l'arrêt du nucléaire, mais un certain nombre de membres de l'ANCCLI se disent que le mix énergétique est promis depuis quelques années, que deux gouvernements se sont succédé depuis et que rien n'a été fait : cela commence à bien faire ! Il faudrait aller vers le démantèlement, mais peut-être aussi avoir le courage de prendre la décision d'arrêter.

Certains, au sein de l'ANCCLI, se demandent en effet s'il ne faudrait pas arrêter les très vieux « coucous » et construire éventuellement de nouvelles centrales. Je ne dis pas que c'est le point de vue de l'ANCCLI, mais parmi ses membres, certains se posent la question de savoir s'il faut faire de l'acharnement thérapeutique et prolonger des centrales jusqu'à soixante ans, avec tous les risques que cela comporte. Si nous ne sommes pas capables, nous dit-on, d'assurer le mix énergétique dans les cinq ou dix années qui viennent, ou avant vingt ans, ne faut-il pas prendre la décision de fermer ces vieilles centrales et, puisque l'on vend de formidables réacteurs de 300 mégawatts à l'étranger, construire de nouvelles centrales dans la perspective du mix ? La question est posée. Les « anti » répondront non, les « pro » répondront oui, et ceux qui ne sont ni dans un camp ni dans l'autre s'interrogent. En tout cas, la question mérite d'être posée.

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