Intervention de Dominique Potier

Séance en hémicycle du mardi 6 mars 2018 à 15h00
Interdiction de la pêche électrique — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Potier :

Je l'ai signée, mais l'on m'a fait savoir que je n'appartenais pas à la bonne famille politique pour que mon nom y reste, ce que nous regrettons vivement. Passons.

Je me contenterai de trois commentaires essentiels, puisque le temps m'est compté et que tout a été dit – brillamment – par les orateurs précédents. Ils concerneront les États généraux de l'alimentation, la notion de limite et de commun, et enfin un appel à une Europe différente.

S'agissant des États généraux de l'alimentation, monsieur le ministre, vous nous avez confié, à Guillaume Garot et à moi-même, la mission d'animer deux ateliers – nous en profitons pour vous remercier de votre confiance. J'avais en charge celui intitulé « Réussir la transition écologique et solidaire de notre agriculture en promouvant une alimentation durable ». Nous l'avons ouvert avec une étude très importante issue du CIRAD – Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement – et de l'INRA – Institut national de la recherche agronomique – , qui pose la question de l'alimentation des 9,5 milliards d'habitants en 2050.

Toutes les réponses supposent une régulation par l'agroécologie, le respect des producteurs locaux, le juste échange, le renouvellement des rapports entre les villes et les campagnes.

Nous sommes au coeur de cette résolution que vous portez aujourd'hui. À l'heure où nous prônons le respect de la terre et de la nature, nous devons prendre conscience que le combat mené en agroforesterie, c'est-à-dire dans les forêts et en agriculture, contre les terres brûlées, est de la même nature que celui qui s'engage contre la pêche électrique, destructrice des écosystèmes.

Nous devons faire de la nature une alliée, pour construire l'agroécologie et la pêche du XXIe siècle, celles qui respectent l'écosystème, permettent le renouvellement des générations et des élevages et favorisent la prospérité d'entreprises diversifiées.

Par ailleurs, votre propos fait l'éloge des limites à propos des communs. Lorsque nous divisons les communs, nous nous appauvrissons. Lorsque nous les partageons, nous devenons capables de créer une nouvelle prospérité. C'est ce que vous faites au travers de cette proposition de résolution. Les océans, comme la terre, monsieur le ministre, sont concernés. D'ailleurs, une mission relative au foncier a rappelé que la terre est un commun pour l'humanité, que la lutte contre le réchauffement climatique dépend non seulement de la qualité agronomique et de l'humus contenu dans le sol, mais aussi de la qualité des écosystèmes marins. Il ne s'agit pas tant, par cette résolution, de protéger le poisson pour se nourrir que de lutter contre le changement climatique.

Nous devons en être fiers, qu'il s'agisse de la terre ou de la mer, car en protégeant les communs, nous posons des limites au nom de la justice.

Je conclurai en évoquant cette Europe que nous appelons de nos voeux, à l'heure de la crise italienne, de la montée des populismes, de ce doute fondamental sur l'Europe. Nous devons réaffirmer qu'elle est notre nouvelle frontière, notre espérance, et certainement notre arme pour la paix dans le monde, une paix qui passera par des politiques agronomiques, par la protection des écosystèmes, par la lutte contre le changement climatique, par toutes les révolutions engagées ensemble avec l'homme comme fil directeur.

Oui, nous voulons une Europe qui régule pour protéger et assurer la prospérité, qui protège les communs, et rende authentique la libre entreprise. Nous devons défendre un modèle d'entreprise, tant agricole qu'halieutique, capable de régénérer la planète plutôt que de l'accaparer et de l'appauvrir. Il n'y aura pas de justice sans survie, ni de survie sans justice. C'est le sens de l'engagement total du groupe Nouvelle Gauche à vos côtés, dans ce combat que vous menez. Nous approuvons la position du Gouvernement, nous saluons votre initiative, et l'amertume sera éphémère. C'est ensemble et réunis que nous parlons à l'Europe aujourd'hui. Nous devons nous en réjouir.

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