Intervention de Louis Gautier

Réunion du mercredi 21 février 2018 à 11h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Louis Gautier, secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale :

J'apprécie toujours les questions sur les drones, Monsieur Gouttefarde. C'est un sujet sur lequel la SGDSN et la représentation nationale ont produit un travail commun fructueux – qu'il s'agisse du colloque ou du rapport. La loi découle d'ailleurs d'une proposition d'origine parlementaire. Depuis, nous avons beaucoup évolué en instaurant des mécanismes de détection et de neutralisation des drones, notamment via des systèmes de brouillage et des canons à micro-ondes. Nous spécifions actuellement les projets de certains industriels.

La loi permet de discriminer : grâce au système d'immatriculation et au fichier, nous pouvons désormais identifier les drones qui ont une certaine portée et qui peuvent être agressifs car susceptibles de transporter, par exemple, des explosifs ; ils doivent être immatriculés et sont signalés par une balise. En étant ainsi en mesure de les repérer, nous pouvons donc discriminer, dans le flux de la circulation, les drones qui respectent la réglementation et les autres, que nous sommes incités à ne pas laisser approcher, en prenant des mesures préventives voire préemptives grâce aux moyens de détection et de neutralisation que j'évoquais. Ce n'est pas toujours aisé : les brouilleurs, par exemple, ne peuvent pas être utilisés à proximité d'un aéroport, ce qui oblige à utiliser d'autres types d'équipements comme les canons à micro-ondes. Nous allons donc articuler différentes technologies en fonction de la zone à protéger. Quoi qu'il en soit, il faut désormais tenir compte du drone comme il faut tenir compte d'autres objets courants qui peuvent être détournés à des fins malveillantes. Cela n'est pas évident : en effet, comment par exemple empêcher une voiture-bélier ? On protège désormais l'accès aux grands rassemblements. Mais on ne pourra jamais faire face à toutes les occurrences, comme l'attentat de London Bridge. Il faut également tenir compte du risque d'importation - sur lequel nous avons également rédigé un rapport – des modes opératoires constatés sur les théâtres d'opérations. Dans la guerre des villes, à Mossoul et à Raqqa, Daech a notamment fait un usage fréquent des drones, à des fins de surveillance mais aussi d'attaque. C'est un risque sécuritaire à prendre en grande considération.

S'agissant des « bons » et des « méchants », nous sommes tous amis et ennemis dans tel ou tel domaine. Américains, Russes, Chinois, Britanniques, Français, Israéliens, mais aussi Iraniens et Nord-Coréens sont tous des acteurs cyber. Dans ce domaine, il faut s'attendre à une prolifération de la matière grise, à l'image de la prolifération nucléaire avec les réseaux Khan ; là est le risque. Parmi les « méchants », les terroristes s'intéressent au cyber, comme l'illustrent leur propagande et leurs actes de défiguration de sites, mais ils n'ont pas passé de cap technologique supérieur. Néanmoins, il est facile d'acheter les capacités nécessaires, surtout avec l'argent que génère le dark web, et de mercenariser des personnes. Dès lors, un État disposant de quelque richesse et résolu à s'en donner les moyens se mettra en quête de brillants ingénieurs informatiques et leur offrira une rémunération élevée ; ainsi, alors qu'il n'était pas d'emblée signalé comme tel, il se trouvera en mesure de mener une attaque.

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