Intervention de Thomas Gassilloud

Réunion du mercredi 21 février 2018 à 11h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThomas Gassilloud :

La loi de programmation prévoit une montée en puissance du volet cyber, et c'est très bien, car nous pourrons ainsi renforcer notre présence sur le champ de bataille cyber. Cela étant, une présence massive sur le champ de bataille numérique ne suffit pas ; nos soldats doivent également disposer de capacités techniques à la hauteur des menaces, plus encore que dans le champ cinétique, car c'est la technologie qui, à l'avenir, fera la différence.

Dans le champ cyber, s'il est une technologie qui fera la différence, c'est l'informatique quantique, car elle changera totalement la donne en termes de puissance de calcul et produira des effets aussi importants que l'arrivée de la poudre sur le champ de bataille. Grâce au quantique, des opérations nécessitant en théorie des milliards d'années de calculs deviendront réalisables dans des délais raisonnables, ce qui aura pour conséquence d'annuler nos capacités de cryptographie et d'accélérer le développement de l'intelligence artificielle. Face à un algorithme puissant, un millier de nos soldats, même équipés des meilleurs claviers, se trouveront en grande difficulté.

Je suis donc inquiet, Monsieur le secrétaire général, et je crois que c'est le rôle des parlementaires de l'être. En effet, je lis ceci à la page 181 du rapport Chocs futurs, du SGDSN : « Rien ne permet d'affirmer que le développement d'ordinateurs quantiques sera possible d'ici 2030. » Or, M. Becht et moi-même étions la semaine dernière aux États-Unis, où tous nos interlocuteurs nous ont annoncé l'apparition du quantique dans quelques années seulement et indiqué que des prototypes existent déjà. Pourtant, dans votre rapport de 187 pages, le mot « quantique » n'apparaît pas une seule fois, non plus d'ailleurs que les mots « puissance » et « supercalculateur ». Si je suis rassuré par la prise de conscience, je m'inquiète donc de nos moyens d'action car nous courrons de grands dangers si nous laissons à d'autres États ou au secteur privé le soin de développer des technologies qui assureront demain notre souveraineté. Vous avez à juste titre parlé de Far West numérique – une situation contraire à la raison d'être de l'État. Pouvez-vous donc nous rassurer sur le fait qu'au-delà des moyens humains consacrés au cyber, notre pays a bien pris en compte la nécessité de déployer une stratégie industrielle dans le domaine de l'informatique quantique ?

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