Intervention de Françoise Gaill

Réunion du mercredi 17 janvier 2018 à 18h00
Mission d'information sur la gestion des évènements climatiques majeurs dans les zones littorales de l'hexagone et des outre-mer

Françoise Gaill, présidente du conseil stratégique et scientifique de la Flotte océanographique française, coordonnatrice du conseil scientifique de la Plateforme Océan et Climat :

Je suis très heureuse d'être présente aujourd'hui pour vous parler de la Plateforme océan et climat.

Je suis une scientifique. La Plateforme Océan et Climat est un ensemble d'acteurs dédiés à l'action autour du rapport entre océan et climat. Elle a été créée le 10 juin 2014 lors de la Journée mondiale des océans, avec l'appui de la Commission océanographique intergouvernementale de l'UNESCO. C'est une coalition internationale comptant quelque soixante-dix acteurs : une grande partie d'acteurs scientifiques institutionnels, tels que l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (IFREMER), autant d'ONG, petites ou grandes, des aquariums, comme Nausicaa et Océanopolis, des acteurs d'expéditions océanographiques, à l'instar de Tara, et des acteurs du secteur privé regroupés autour du Cluster maritime français (CMF) ou d'Armateurs de France, ainsi que des établissements publics tels que l'Agence française de la biodiversité (AFB) et les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), et des organisations internationales onusiennes, l'UNESCO, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Pourquoi avons-nous créé cette plateforme ? L'idée était simple. Avant la COP21, l'océan n'était jamais présent dans les négociations. Pendant vingt COP, on a beaucoup parlé des forêts, mais pas de l'océan ; le mot a été énoncé au tout début du premier texte de la première COP, et puis plus rien. Notre idée était donc de promouvoir dans ces négociations l'océan, qui joue un rôle majeur dans les échanges avec l'atmosphère et dans le système climatique. L'idée était également de promouvoir la connaissance sur l'océan au niveau des scientifiques mais aussi au sein de la société. En outre, il s'agissait de mettre ensemble tous les acteurs de la mer autour de la question du changement climatique.

Nous avons fait de la mobilisation, organisé des cessions à la COP21. Nous avons élaboré des fiches scientifiques qui ont été présentées devant différentes audiences. Nous avons organisé une grande Armada pour le climat qui a fait le tour de la France en voilier. Nous avons fait venir à Paris pour la COP21 des acteurs majeurs comme le secrétaire général des Nations unies.

Nous avons ainsi pu obtenir l'introduction du thème de l'océan dans l'Accord de Paris, dont le préambule cite nommément l'océan comme un des grands écosystèmes dont il faut s'occuper, ce qui est un premier pas. Nous avons obtenu ensuite un rapport spécial du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) et nous sommes parvenus plus récemment à une alliance internationale d'initiatives océan et climat, sollicitée par la présidente de la COP21 lors de la COP22. Cette alliance a pour objectif de présenter les choses de manière concrète, d'identifier des synergies entre les acteurs locaux, de sensibiliser des populations locales autour de ces initiatives, et de mettre ensemble différentes initiatives hétérogènes susceptibles d'avoir une action sur les négociations climatiques. Cette alliance a aujourd'hui un an. Nous comptons dix-neuf initiatives, l'une d'entre elles, l'alliance pour combattre l'acidification, surtout californienne, est très robuste, d'autres sont de petites initiatives, par exemple, en Méditerranée, l'initiative sur les petites îles durables. En tout, 272 membres.

L'océan, c'est l'eau, l'oxygène, le vivant. L'océan représente 97 % de l'eau mondiale, 50 % de l'oxygène, beaucoup d'espèces marines. Les émissions de gaz carbonique sont localisées dans l'hémisphère nord : c'est nous qui les produisons. Ces émissions entraînent une élévation de la température, des processus d'acidification et d'oxygénation. La vitesse de réchauffement de l'océan est considérable. L'océan est un grand régulateur du climat parce que la chaleur résultant des activités anthropiques, accumulée à 93 % par l'océan, et le gaz carbonique, à 28 %, entraînent des pertes d'oxygène. L'accumulation de gaz carbonique entraîne une acidification. Que l'acidification puisse avoir des incidences pathologiques par exemple sur les mollusques est quelque chose d'admis par tous, tandis que la question de l'oxygène vient d'émerger, elle est bien plus récente. On connaissait les zones d'anoxie, par les zones d'eutrophisation, et on pensait que c'était le résultat d'un pacte anthropique venant de la côte.

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