Intervention de Françoise Gaill

Réunion du mercredi 17 janvier 2018 à 18h00
Mission d'information sur la gestion des évènements climatiques majeurs dans les zones littorales de l'hexagone et des outre-mer

Françoise Gaill, présidente du conseil stratégique et scientifique de la Flotte océanographique française, coordonnatrice du conseil scientifique de la Plateforme Océan et Climat :

Il s'agit de la concentration en oxygène dans l'eau. Si la température augmente, la concentration en oxygène diminue. Dans les zones polaires, plus la température augmente, plus l'oxygène disparaît, donc plus la zone devient anoxique, et plus la température est basse, plus l'oxygène est concentré dans l'eau de mer. L'oxygène va avec la salinité, le Ph, c'est un ensemble complexe, mais le paramètre de l'oxygène reste très important : si les poissons n'ont plus d'oxygène, ils meurent, et on a déjà vu sur les côtes californiennes des plages tout à coup complètement recouvertes de poissons morts.

Les conséquences des changements climatiques, ce sont la disparition des services que rend l'océan, par exemple sur le tourisme avec les récifs coralliens, sur la pêche, avec la disparition ou les migrations de populations de poissons du nord vers le sud, sur la protection des côtes, sur l'habitat du littoral.

En 2007, le GIEC avait évalué l'élévation du niveau de la mer à soixante centimètres maximum à la fin du siècle. Cinq ans après, on en était à un mètre et, en 2016, nous en sommes à deux mètres. Les changements dans le niveau de la mer vont produire dans certaines zones des changements de la salinité de l'eau de mer et de la circulation océanique, qui est le moteur du recyclage de toute la matière océanique.

La Plateforme Océan et Climat a proposé neuf grandes mesures. Tout d'abord, considérer l'importance d'écosystèmes sains et fonctionnels face au changement climatique en accélérant la mise en place d'un réseau cohérent et résilient d'aires marines protégées. Deuxièmement, reconnaître le rôle des écosystèmes marins et côtiers en tant que puits naturels de carbone. Troisièmement, développer les énergies marines renouvelables – l'éolien, l'hydrolien – tout en préservant la biodiversité marine. Quatrièmement, accompagner la transition énergétique du transport maritime et développer des solutions technologiques pour des navires plus sûrs et plus respectueux de l'environnement. Cinquièmement, soutenir prioritairement les mesures d'adaptation pour les régions les plus vulnérables, en particulier les zones côtières des pays en développement. Sixièmement, renforcer le transfert de technologies vers les pays et régions océaniques et côtiers les plus vulnérables. Septièmement, renforcer la recherche scientifique internationale. Huitièmement, dédier explicitement un fonds vert aux projets marins et côtiers : nous l'avons obtenu de la part du premier président de la COP21. Enfin, mieux articuler la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques avec les accords existants relatifs à l'océan, notamment ceux du développement durable.

Nous pensons que l'océan est une solution à prendre en compte et qu'il en va du futur de la planète. Nous avons analysé les propositions de tous les États, leurs « contributions nationales », et une publication parue dans Nature en a réalisé une analyse détaillée pour savoir quels États parlent de l'océan. Une chose est sûre : les grands pays développés, qu'il s'agisse de l'Australie, du Japon, des États-Unis ou de l'Europe, ne parlent absolument pas de l'océan. Ceux qui parlent de l'océan sont les petits États insulaires en développement (PEID). Nous allons entrer dans des négociations pour la COP24 ; je pense que la plateforme peut être une force de propositions.

En résumé, je ferai trois propositions. Nous avons un défi de la connaissance à réaliser, de la recherche scientifique à l'école et dans les universités, des ingénieurs aux chercheurs et des gestionnaires aux politiques. C'est une proposition énoncée par le Comité spécialisé pour la recherche marine, maritime et littorale (COMER) et reprise dans la Stratégie nationale pour la mer et le littoral.

Nous avons ensuite un défi de construction multi-acteurs, c'est-à-dire d'actions à inventer pour les sociétés du XXIe siècle, et là aussi nous avons des propositions qui peuvent, à travers l'alliance, être reprises.

Enfin, les outre-mer constituent un thème incontournable, sans doute le travail le plus important à réaliser, en replaçant la stratégie dans un contexte régional et international avec la Commission océanique intergouvernementale ainsi que l'alliance, car une décennie sur les sciences de l'océan s'ouvrira à partir de 2020.

Un grand programme international sur l'oxygène peut vous donner une idée de la manière dont il est possible d'introduire des questions scientifiques dans la gestion du littoral, à savoir, pour tout ce qui est énergétique, prendre des solutions basées sur les écosystèmes afin de restaurer et protéger l'environnement : à la fois partir de l'énergie renouvelable, réduire les impacts à partir du littoral, et développer des solutions d'aquaculture durable.

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