Intervention de Bruno le Maire

Réunion du jeudi 12 avril 2018 à 9h25
Commission d'enquête chargée d'examiner les décisions de l'État en matière de politique industrielle, au regard des fusions d'entreprises intervenues récemment, notamment dans les cas d'alstom, d'alcatel et de stx, ainsi que les moyens susceptibles de protéger nos fleurons industriels nationaux dans un contexte commercial mondialisé

Bruno le Maire, ministre de l'Économie et des finances :

Moi, j'ai moins de doutes et d'interrogations que vous sur les savoir-faire français et sur notre capacité à nous réinventer, à nous renouveler, comme sur notre capacité à protéger nos brevets, nos innovations et nos savoir-faire.

Nous renforçons le décret relatif aux investissements étrangers en France. Nous élargissons son champ. Nous élargissons les possibilités de sanctions. On ne peut pas à la fois nous reprocher d'aller trop loin dans la protection, parce que nous renforçons le décret IEF, et nous expliquer que nous allons perdre toutes nos compétences et nos savoir-faire, et que nous ne défendons pas assez bien les technologies françaises.

Il faut choisir son combat, car il n'est pas possible de mener les deux à la fois.

S'agissant de GE, j'ai l'impression que vous en faites le grand méchant loup. Je rappelle que c'est dans une joint-venture de GE avec Safran que nous réalisons les moteurs d'Airbus CFM 56. Je rappelle que GE est implanté en France depuis cent ans. Je rappelle qu'il représente des milliers d'emplois. C'est un peu trop facile de faire peur aux gens en leur disant : « Attention, GE vous menace, c'est le grand méchant loup ! »

La réalité du monde économique contemporain, c'est la coopération. C'est la capacité à allier les compétences et les savoir-faire. C'est le pari que nous faisons. Et je pense que ce pari est le bon. Parallèlement, nous nous dotons des protections nécessaires en renforçant le décret sur les investissements en France, en garantissant que les technologies sont bien contrôlées et en mettant en place un dispositif de sanctions progressif.

Oui, nous croyons à ces choix-là, qui sont des choix de coopération. Car la France ne maintiendra ses technologies au plus haut niveau que si elle est capable de coopérer et de s'allier avec les meilleurs. Il y a là, on le voit bien, deux visions totalement différentes. Certains voudraient faire croire aux Français que nous pouvons, sur les technologies les plus sensibles dans le secteur industriel, nous en sortir tous seuls. Qu'en gros, rester entre nous, c'est la solution ! Je ne le pense pas. C'est au contraire en s'alliant avec les meilleurs – dans le domaine ferroviaire avec Siemens, dans le domaine de la motorisation avec GE, dans le secteur naval avec Fincantieri – que la France réussira économiquement demain, qu'elle gardera ses compétences, ses savoir-faire, ses technologies et sa puissance industrielle.

C'est ce que je crois profondément. Telle est l'option économique et l'option stratégique que nous défendons avec le Président de la République et le Premier ministre.

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