Intervention de Marielle de Sarnez

Réunion du mercredi 14 mars 2018 à 16h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarielle de Sarnez, présidente :

Mes chers collègues, je suis extrêmement heureuse d'accueillir aujourd'hui Françoise Nyssen, ministre de la culture. Je le suis d'abord à titre personnel, car c'est une ministre que j'estime et que j'aime beaucoup. Je le suis également car son audition va nous permettre d'aborder un thème dont nous ne parlons pas suffisamment, celui de la diplomatie culturelle et d'influence de la France, que je considère fondamentale à plusieurs titres.

La diplomatie culturelle et d'influence consiste à agir comme prescripteur d'idées en étant perçue comme tel, c'est produire de la diversité culturelle ou technologique. À l'heure où les échanges sont encore dominés par la production américaine, il y a là un enjeu politique, et même existentiel pour l'Europe et pour la France, d'une extrême importance.

Notre commission a d'ailleurs créé une mission d'information sur le rayonnement artistique et intellectuel de la France intitulée « Le rayonnement artistique et intellectuel de la France : quelle stratégie à dix ans ? », avec comme co-rapporteurs Michel Herbillon et Sira Sylla.

Au-delà de la dimension ponctuelle des oeuvres et des artistes, vous nous direz, madame la ministre, comment la France peut mieux valoriser notre expertise culturelle, promouvoir notre système de droits d'auteur, structurer des marchés locaux à l'étranger, renforcer le rôle de l'Agence française de développement (AFD) au sein de la coopération en matière culturelle.

Nous souhaiterions savoir où nous en sommes des efforts visant à lutter contre le piratage et assurer une meilleure reprise des productions françaises par les GAFA. La diplomatie culturelle constitue un enjeu économique et industriel absolument essentiel, et je rappelle que le livre – que vous connaissez particulièrement bien, madame la ministre – était en 2016 la première industrie culturelle française d'exportation, avec un chiffre d'affaires en hausse de près de trois milliards d'euros. Le cinéma, la musique et les jeux vidéo sont, eux aussi, des postes d'exportation essentiels.

Compte tenu de ces enjeux, il est important pour notre commission de viser à renforcer cette stratégie d'exportation des industries culturelles et de la communication au sein de notre diplomatie économique, et à intégrer le soutien à la culture dans notre politique industrielle et fiscale.

Un autre sujet important, sur lequel notre commission travaille beaucoup – en particulier notre rapporteur budgétaire, Alain David –, consiste à essayer de déterminer comment nous pourrions mieux promouvoir notre audiovisuel extérieur, notamment en coordonnant l'action de France Médias Monde et des groupes privés, et nous serions très heureux de vous entendre sur ce point.

Enfin, et ce dernier enjeu n'est pas le moindre, la diplomatie culturelle s'exerce également au travers de la francophonie. Selon les dernières projections dont nous disposons, il devrait y avoir entre 500 et 700 millions de francophones de par le monde en 2050, dont 85 % en Afrique. Cependant, nous considérons que rien n'est acquis dans ce domaine si nous ne continuons pas à investir dans l'enseignement du français sur ce continent.

Pour ce qui est du français en Europe, la situation se dégrade, malheureusement. Nous recevrons la semaine prochaine Leïla Slimani, avec qui nous pourrons avoir des échanges sur ce point, mais sommes également curieux de connaître votre sentiment et vos projets en la matière.

Je vous donne maintenant la parole pour un exposé liminaire d'une vingtaine de minutes, avant que les membres de notre commission qui le souhaitent ne vous posent quelques questions.

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