Intervention de Général Philippe Adam

Réunion du jeudi 17 mai 2018 à 9h00
Commission d'enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires

Général Philippe Adam :

Oui, nous procédons ainsi régulièrement. C'est un moyen extrêmement utile qui ne couvre qu'une petite portion du territoire dans la mesure où notre stock ne nous permettrait pas d'agir ainsi en permanence. Pour ce faire, il faudrait déployer une batterie de missiles sol-air sur chacun des sites que nous cherchons à protéger. Mais nous le faisons régulièrement dans le cadre de dispositifs particuliers ou à l'occasion d'alertes spécifiques, lorsque le niveau de danger ou de menace s'élève, notamment s'agissant de dispositifs particuliers de sûreté aérienne qui sont déployés sur ordre du Premier ministre pour couvrir des événements ou des sites dès lors que la situation l'exige. Nous procédons de cette manière au moins une fois par an, le 14 juillet. La vulnérabilité est alors élevée : le Gouvernement et une bonne partie du Parlement sont rassemblés sur la Place de la Concorde et personne n'a envie qu'il arrive quelque chose.

Notre dispositif particulier de sûreté aérienne est totalement transparent, qui comprend chaque année le déploiement de missiles sol-air autour de Paris. Le nombre de missiles sol-air dont nous disposons n'autorise pas un déploiement permanent, ni à Paris ni ailleurs. Les missiles sol-air sont performants pour atteindre une cible à courte portée mais les conséquences d'un tir sont extrêmement violentes, très rapides et le processus est peu interactif. Une fois le missile parti, on ne peut le rappeler. Les temps de vol des missiles sont plus courts et l'intelligence de la chaîne assez différente de celle des chasseurs.

Tirer un missile sol-air dans un environnement de trafic très dense engendre des conséquences. La menace à laquelle nous serions potentiellement confrontés étant dissimulée dans le trafic civil., il faut prendre garde à ce que nos actions ne mettent pas en danger nos concitoyens. La discrimination reste délicate dans un environnement de paix tel que nous le connaissons actuellement, qui connaît un essor du trafic aérien. Or, les missiles sol-air restent des engins extrêmement puissants et poseraient des problèmes de sûreté nucléaire en raison des grosses masses d'explosifs et des radars qui les accompagnent. Je ne suis pas certain qu'EDF accepterait que nous les déployions sur le site d'une centrale nucléaire. Pour l'ensemble de ces raisons, nous ne tirons pas. Il convient de toujours mesurer les enjeux aux risques que nous prenons ; en la circonstance, nous estimons que la protection rapportée au niveau de menace ne justifie pas le tir.

Pour répondre à votre question, nous n'avons pas suffisamment de moyens pour assurer un tel dispositif en permanence.

Nous disposons d'un moyen de défense de dernier recours des sites sensibles qui, certes, ne permettrait pas de s'opposer à l'écrasement d'un avion. Les procédures en place sont destinées à informer le site visé qu'un incident est en train de se produire et à lui permettre de prendre des mesures de sécurité.

Tout cela se fait en temps réel, l'appréciation des situations est parfois compliquée. Il faut comprendre l'objectif de l'intrus et avoir la garantie solide qu'il est déterminé à s'écraser. Tout cela est complexe et m'empêche de vous livrer une réponse définitive et précise en vous répondant par oui ou par non.

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