Intervention de Muriel Pénicaud

Réunion du mardi 29 mai 2018 à 21h30
Commission des affaires sociales

Muriel Pénicaud, ministre du travail :

Tout d'abord, une précision sur ce qu'est la « prépa apprentissage ». Elle s'adresse à des jeunes qui ont l'âge d'entrer en apprentissage, soit seize ans révolus – et non aux élèves de troisième concernés par la découverte des métiers évoquée par Jean-Michel Blanquer lors de ses annonces sur le lycée professionnel –, et qui souhaitent s'orienter vers la voie professionnelle, mais qui ont besoin d'une préparation, pour deux raisons.

Première raison : il existe une catégorie de jeunes qui ne parviennent pas à accéder à l'apprentissage ou dont le contrat est très précocement rompu, pour des raisons liées non pas à leurs capacités cognitives, mais à des difficultés relationnelles et comportementales parce qu'ils ne maîtrisent pas ce que l'on appelle les « savoir être » professionnels. Ils ont du mal à se lever le matin, à travailler en équipe, à communiquer avec les autres… Ces difficultés sont très fréquemment identifiées par les organismes de formation.

Deuxième raison : certains jeunes peuvent être intéressés par les métiers de bouche, par exemple, mais ne savent pas encore s'ils veulent suivre une formation de boucher, de charcutier-traiteur, de boulanger ou de pâtissier. En leur permettant, pendant une période de trois ou quatre mois, de faire différents stages et de découvrir différents environnements, on peut leur éviter un échec dû au fait qu'ils se sont trompés de métier.

Cette préparation n'est pas obligatoire ; c'est une faculté qui leur est offerte d'apprendre – je rappelle que l'apprentissage est à la fois un contrat de travail et une formation initiale – les codes du « savoir être » professionnel et d'affiner leur choix. Elle évitera beaucoup de ruptures, toujours vécues comme un échec par les jeunes. Encore doivent-ils, pendant cette période, bénéficier d'une couverture sociale et pouvoir percevoir une rémunération, qui sera fixée par décret en référence à celle des stagiaires de la formation professionnelle et de la durée de cette « prépa ». Je rappelle que la rémunération de ces derniers est actuellement comprise entre 130 euros et 650 euros par mois. Il faut que nous étudiions cette question, car on peut suivre une « prépa apprentissage » à 16 ans comme à 28 ans : c'est lié au besoin, pas forcément à l'âge.

Cette innovation me paraît intéressante. En tout cas, elle est très demandée par les centres de formation des apprentis, les missions locales et les jeunes eux-mêmes qui, soit n'entrent pas en apprentissage, soit quittent très tôt leur formation, pour les raisons que j'ai indiquées. Cette mesure simple, pragmatique, les aidera en leur permettant de mettre toutes les chances de leur côté.

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