Intervention de Général Bernard de Courrèges d'Ustou

Réunion du mercredi 23 mai 2018 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Bernard de Courrèges d'Ustou, directeur de l'Institut des hautes études de défense nationale et directeur de l'enseignement militaire supérieur :

Il est en effet indiqué dans nos informations d'inscriptions que le niveau baccalauréat est requis pour accéder aux séminaires jeunes de l'IHEDN. Toutefois, j'ai manifesté ma volonté d'ouvrir ces formations à une proportion de jeunes ne disposant pas de ce diplôme tout en conservant un certain équilibre dans le groupe. Nous accueillons désormais des jeunes issus des Écoles de la deuxième chance ou de l'Institut de l'engagement ne disposant pas nécessairement du baccalauréat. Nous en recevons entre cinq et six intégrés à des promotions de quatre-vingts jeunes. Je me souviens avoir reçu il y a quelques années trois jeunes de l'École de la deuxième chance des Yvelines, recrutés par le biais de l'ANAJ (association des auditeurs jeunes) et de la sous-préfète déléguée à l'égalité des chances. La formation attirant beaucoup d'étudiants de grandes écoles de type Sciences Po et des jeunes actifs, l'ensemble des participants s'est présenté habillé de manière très formelle et élégante le premier jour. L'un de ces trois jeunes, arrivé en tenue décontractée, notamment en jeans, est rapidement reparti, gêné, tandis que les deux autres sont restés. Ces derniers, enthousiasmés par la formation, ont témoigné de leur expérience dans un article de presse particulièrement positif où ils relataient « une belle expérience », des découvertes exceptionnelles et de nouvelles amitiés nouées durant cette semaine. Ils en ont ainsi conclu qu'au-delà de leurs formations académiques et niveaux sociaux, l'ensemble de ces jeunes pouvaient avoir des points communs, ce qui les a par ailleurs encouragés à garder le contact.

Je conclurai en disant qu'il est en effet désirable d'ouvrir la formation, en avançant toutefois progressivement afin de conserver un bon équilibre.

S'agissant de la contribution de l'ANAJ sur le service national universel, il est logique qu'elle s'investisse dans la mesure où elle se trouve plutôt en pointe sur la question de l'intégration et de la cohésion nationale. De manière générale, toutes les associations qui nous sont liées se sont investies sur ce sujet et différents rapports ont été établis. L'ANAJ avait quant à elle décidé de créer une « task force » de réflexion et, comme ses membres ont beaucoup d'entregent, leurs travaux sont parvenus au cabinet de la ministre des Armées, cette dernière les ayant finalement reçus afin de leur permettre de présenter leurs propositions. Il me semble que le rapport rendu par la commission dite « Ménaouine » reprend certaines d'entre elles, notamment s'agissant de la nécessité de consulter les jeunes. Ce rapport de l'ANAJ est d'ailleurs public et peut être consulté librement sur son site internet.

Concernant le parcours des officiers, il n'est pas inscrit dans les textes qu'un passage par l'École de guerre soit une condition de la nomination au grade de général. Néanmoins, force est de constater qu'en pratique, si un officier n'est pas breveté, il n'a que de faibles chances d'accéder au grade de général. Il s'agit d'une condition de plus en plus nécessaire, mais qui n'est évidemment pas suffisante. Je tiens néanmoins à rappeler que l'École de guerre n'accueille pas que des saint-cyriens, pour ne parler que de l'armée de terre, mais également des personnes qui ont gravi les échelons au sein des armées, et sont devenues officiers après avoir passé les concours en interne lorsqu'ils étaient sous-officiers. Les profils sont donc réellement très divers.

Le concours d'accès à l'École de guerre diverge selon les armées, même si la tendance était à l'harmonisation ces dernières années. Il me semble, Madame Bono-Vandorme, que le point que vous évoquez se rapporte à une époque aujourd'hui révolue, lorsque l'armée de terre avait mis en place un vrai bachotage pour préparer le concours. Aujourd'hui, les officiers qui préparent le concours ne sont pas plus préservés que d'autres, et sont maintenus en poste au sein des régiments, dans des états-majors ou en cabinet ministériel, et aménagent leur temps de travail ou prennent sur leur temps libre. Le général de Villiers avait d'ailleurs manifesté le souhait de ne pas allonger les périodes d'indisponibilité des officiers au-delà du temps de la scolarité.

J'en viens à la question de M. Kervran relative au profil des enseignants. Concernant le CHEM, la réponse est assez simple : il n'y a pas vraiment d'enseignants puisque nous recourrons à des praticiens. C'est ainsi que le chef d'état-major des armées intervient trois fois par an devant les auditeurs du CHEM, dans un format d'une discussion libre d'une heure et demie. Selon les modules interviennent ainsi les chefs d'état-major, les responsables des différentes administrations, des universitaires, des membres des structures d'enseignement étrangères, les responsables des structures intervenant dans le champ du renseignement, etc. S'agissant de l'École de guerre, je passe volontiers la parole à mon voisin.

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