Intervention de Jean-Félix Acquaviva

Séance en hémicycle du lundi 11 juin 2018 à 21h30
Liberté de choisir son avenir professionnel — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Félix Acquaviva :

Vous tentez la régulation du système par les entreprises, les branches, en ôtant – je vous cite – « la régulation administrative » des CFA. Ce faisant, vous faites courir un énorme risque aux territoires s'agissant de la diversité de l'offre de formation par l'apprentissage – surtout dans les régions dont l'économie est très peu industrialisée et diversifiée, avec un risque de monopole et d'oligopole à contenir, où les branches n'existent pas ou ne couvrent pas un spectre suffisamment large. C'est tout particulièrement le cas d'un territoire comme la Corse.

Vous dites que cette réforme des CFA est conforme aux attentes du terrain, mais, quand toute une représentation politique, tout un corps social, tous les acteurs économiques d'un territoire disent, proclament, affirment que cette vision d'en haut, bien jacobine, simplificatrice et confortable, ne correspond en aucune manière aux intérêts du tissu économique local, des jeunes apprentis du territoire, ni au bien commun, vous n'écoutez jamais !

En Corse, nous ne souhaitons pas offrir à nos jeunes uniquement des formations aux métiers de la grande distribution ou du tourisme, même si c'est nécessaire. Nous voulons une diversification à partir de secteurs qui doivent être développés, comme la filière bois.

Grâce à ses compétences étendues par la loi de 2002, l'Assemblée de Corse a voté une nouvelle carte des formations ambitieuse et structurée. Ce plan régional a été élaboré en concertation avec les professionnels, au sein de l'instance de dialogue multipartite qu'est le CREFOP.

Le développement des CFA et de l'apprentissage s'inscrit donc dans ce cadre, en fonction d'une projection et d'une réflexion d'ensemble sur le développement de nouvelles filières notamment, tout en créant le lien nécessaire avec les lycées professionnels. En supprimant cette vision politique de long terme, vous mettez un coup d'arrêt dangereux à la politique de redressement économique de la Corse que nous mettons en oeuvre aujourd'hui. Le président de l'exécutif de Corse vous a écrit, madame la ministre, tout comme la conseillère exécutive chargée de la formation professionnelle. Mais leur appel au dialogue est resté lettre morte. Vous n'avez même pas pris le soin de leur répondre, et c'est bien dommage.

Fléchissez et amendez votre texte ! Sinon, nous voterons évidemment contre, mais nous irons surtout sur le terrain, pour mobiliser ceux qui savent de quoi ils parlent et qui construisent chaque jour, pas à pas, le développement local.

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