Intervention de Élisabeth Toutut-Picard

Réunion du jeudi 31 mai 2018 à 9h15
Commission d'enquête sur l'alimentation industrielle : qualité nutritionnelle, rôle dans l'émergence de pathologies chroniques, impact social et environnemental de sa provenance

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉlisabeth Toutut-Picard :

À vous écouter, j'ai l'impression d'une partie de cache-cache engagée entre les chercheurs, les instituts de contrôle et de surveillance et les industriels, dans laquelle la force publique a toujours énormément de retard et passe son temps à essayer de le rattraper. Vous parlez de données de 1970… Cela m'effraie, car nous sommes en 2018 et certaines problématiques s'imposent à nous, ici et maintenant.

Ensuite, vous vous référez tout le temps à l'EFSA. J'ai eu l'occasion de rencontrer des membres de l'EFSA puisque j'ai fait partie d'une délégation qui accompagnait la secrétaire d'État Brune Poirson lorsqu'elle s'est rendue à Parme pour les rencontrer. Je leur ai posé cette question des outils ; j'ai demandé depuis combien d'années la dose journalière admissible d'exposition à des produits toxiques (DJA) n'avait pas évolué. En outre, la DJA est la même pour un bébé, un vieillard, un individu en bonne santé ou une personne malade.

Le flottement actuel du référentiel scientifique est extrêmement inquiétant. Quand on s'adresse à des agences ou à des chercheurs comme vous, on nous renvoie toujours vers des espèces de vigies que sont l'EFSA ou l'ANSES, et quand on gratte un peu, on se rend compte qu'elles sont dépassées par les événements. C'est l'impression que m'a fait l'EFSA, par exemple, qui se raccroche aux DJA, alors que ses outils n'évoluent pas – peut-être par manque de financement et par manque de volonté politique de mettre de l'argent là où il faudrait qu'il soit. Il n'en reste pas moins que ce que vous nous dites est assez inquiétant. Ce n'est pas une attaque contre vous personnellement, c'est le système lui-même qui est inquiétant, car on ne voit pas à quel endroit se situent les outils ou les offices de protection de la population. Il n'y a pas une instance qui ait un regard sur tout le panel des données scientifiques et qui oblige à une réactualisation, qui se situe à l'avant-garde et non pas toujours à la traîne de la connaissance scientifique.

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