Intervention de Pierre-Franck Chevet

Réunion du jeudi 7 juin 2018 à 9h00
Commission d'enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires

Pierre-Franck Chevet :

Il s'agit, par définition, d'une excellente réponse. Les 100 tonnes de MOx usé envoyées chaque année à La Hague sans être retraitées constituent en effet une matière qui, progressivement, s'additionne et risque à terme de saturer le site. C'est en application de ce même calcul que le groupe de travail chargé de mettre au point le plan national de gestion des matières et déchets radioactifs a considéré qu'il fallait qu'EDF étudie rapidement la possibilité d'une capacité d'entreposage additionnelle. Au-delà de La Hague, on a estimé que le besoin d'entreposage se ferait sentir à partir de 2030. Or pour construire quelque édifice que ce soit dans le domaine nucléaire, il faut, entre les procédures, les instructions techniques et la construction elle-même, environ une dizaine d'années : d'où la prescription faite à EDF d'étudier la perspective d'un entreposage additionnel, afin de gérer les mox non retraités actuellement. EDF nous a présenté un dossier d'options de sûreté concernant un entreposage en piscine, non localisé, répondant à ce besoin : nous disposons toutefois des plans du bâtiment et des grandes options de sûreté. Les discussions ont commencé. L'installation présente apparemment de bonnes caractéristiques, au plan de la sûreté comme de la sécurité. Il faut trouver une façon de gérer ces matières. Il ne s'agit pas d'envisager un stockage définitif, mais un entreposage.

Une alternative est venue dans le débat, concernant la possibilité d'effectuer de l'entreposage à sec. L'IRSN a été saisi de cette question. À l'étranger, l'entreposage à sec est pratiqué, dans des emballages individuels, avec souvent des stockages sur les parkings des centrales nucléaires : bien que techniquement acceptable, ce type de solution est un pis-aller. La contrainte, lorsqu'un emballage contient du combustible usé, est en effet que ce dernier ne soit pas trop chaud, dans la mesure où il n'est alors refroidi que par l'air, dont la capacité de refroidissement est beaucoup plus faible que celle de l'eau. Il faut donc, pour pouvoir pratiquer un entreposage à sec, que le combustible ait suffisamment décru en puissance thermique. Or l'objet principal du nouvel entreposage serait de gérer des MOx usés, qui restent plus chauds et plus longtemps chauds – quelques dizaines d'années – qu'un combustible usé « normal ».

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