Intervention de Vincent Rodet

Réunion du jeudi 14 juin 2018 à 9h00
Commission d'enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires

Vincent Rodet, délégué fédéral Industries électriques et gazières de la FCE-CFDT :

Aux questions précises posées nous avancerons quatre réponses précises :

Sur les PUI et le droit de retrait, nous avons apporté une réponse détaillée à la question n° 9. Pour nous, l'organisation du PUI doit relever de la prérogative de l'exploitant. L'exploitant organise un PUI, procède à des exercices préventifs. En revanche, la gestion globale d'un accident majeur engage des services de plus haut niveau, dont ceux de l'État. Les salariés ont un droit de retrait ; néanmoins, la préfecture dispose d'un pouvoir de réquisition pour une approche proportionnée au problème.

Nous pointons la création de la FARN, qui a vu le jour après l'accident de Fukushima. Elle est en capacité d'intervenir en vingt-quatre heures pour appuyer un site en ressources humaines formées en permanence. Pour la moitié de leur activité, ces personnes sont en exercices permanents. Sur les installations techniques, des prises d'eau dites « FARN » ont été installées auxquels les moyens déployés par la FARN se connectent.

Nous avons apporté une réponse détaillée à la question n° 24 : une contamination interne n'est déclarée en tant qu'accident du travail qu'à la condition que l'ATP terminal, c'est-à-dire la mesure après décontamination le jour de la détection, reste supérieur au seuil d'enregistrement dosimétrique de 0,5 millisievert. En deçà, le dosage est inscrit au registre des accidents bénins. Il n'en reste pas moins que la CFDT revendique un enregistrement et une traçabilité des seuils inférieurs à 0,5 millisievert, car une légère contamination interne n'est précisément pas un fait bénin. L'enregistrement permet de participer à la cartographie des points chauds. C'est un indicateur important de la propreté radiologique. Il me permet de basculer sur la question des points chauds.

Nous sommes très étonnés qu'un point chaud soit occulté. Des points chauds sont découverts. Tout l'intérêt de la démarche consiste précisément à actualiser une cartographie des points chauds, mais il est vrai que tous les points chauds ne peuvent pas être traités en temps réel, dans l'heure ou la journée qui suivent leur découverte.

Nous considérons que votre remarque est problématique. Si elle est récurrente et illustrée, il faudra considérer qu'il s'agit d'un problème sérieux. Lorsqu'un salarié du donneur d'ordre ou d'un sous-traitant enregistre une exposition anormale en sortant de zones contrôlées, son parcours de travail est retracé et une enquête est ouverte. Il paraît inconcevable qu'un point chaud soit occulté volontairement. Cela questionnerait la culture sûreté globale si précieuse en termes de défense en profondeur !

Nos collègues se sont largement exprimés sur la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC). La CFDT résume la question de façon lapidaire : pour avoir une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, il faut qu'une filière soit attractive. Imaginez qu'un jeune soit intéressé par un diplôme universitaire de technologie « métiers du nucléaire » et qu'à chaque fois que ses parents ouvrent un journal, ils lisent que le nucléaire est la catastrophe annoncée dans six mois, que tout va fermer. Nous aurions de gros problèmes dans ce pays ! Nous ne disposons que de peu d'années pour garantir le tuilage entre ceux qui ont vécu l'épopée de la construction d'un parc et ceux qui vont le conduire dans la durée. Quand bien même ne retiendrait-on qu'une production de 50 % d'énergie nucléaire à une échéance à définir, le nucléaire s'inscrira encore pour longtemps dans le paysage. Vous avez raison, il faudra des compétences de tous niveaux : des bacs professionnels, des diplômes universitaires de technologie, des diplômes issus de formations en alternance. Nous croyons beaucoup à l'alternance.

Mener la concertation sociale – je ne dis pas la négociation – autour de la fermeture de Fessenheim n'est pas chose aisée car il s'agit de s'impliquer syndicalement dans un dossier de fermeture dont les motivations ne nous semblent pas convaincantes. Néanmoins, dans la mesure où la fermeture est désormais actée, répondant à notre travail syndical, nous l'accompagnons. Au-delà de Fessenheim, des tranches devront peut-être être fermées avant leur durée de vie technique optimale pour lisser le chantier de fermeture. Nous acceptons de parler de fermeture. Mais les syndicats exigent en contrepartie que la question du nucléaire neuf français ne soit pas taboue. Nous ne demandons pas que soit annoncée la reconstruction d'un parc de dizaines de tranches. La sensibilité autour du nucléaire neuf est telle qu'annoncer une tranche à moyen terme plomberait la GPEC. Une filière qui ne construit pas de neuf, c'est le village d'Astérix ! Il faut donc que le débat sur la GPEC soit exempt de tabous.

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