Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du mardi 3 juillet 2018 à 21h30
Lutte contre la manipulation de l'information — Après l'article 9 septies

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

Il s'agit de l'abattement fiscal dont jouissent les journalistes, qui peut s'élever jusqu'à 7 500 euros. Dans son rapport annuel de 2013, la Cour des comptes fustigeait ce privilège, en estimant à 60 millions d'euros son coût global pour l'ensemble de la société. Je ne m'illusionne pas un seul instant : personne ne votera pour cet amendement avec nous. Il s'agit pourtant d'un privilège, et je suis bien content que ceux-là mêmes qui ont passé leur temps à dénoncer les acquis sociaux des autres professions comme étant des privilèges s'entendent dire, dans l'hémicycle, qu'eux-mêmes en bénéficient.

J'ajoute, pour les collègues parlementaires qui n'en connaîtraient pas l'histoire, qu'il avait d'abord été prévu – cela fait déjà quelque temps – de le supprimer la même année où l'on avait décidé de fiscaliser une partie de l'IRFM, l'indemnité représentative de frais de mandat. Les deux mesures fiscales allaient de pair, dans le même texte. On le vota, puis tout aussitôt – hop ! – on en retrancha le chapitre qui concernait l'avantage fiscal des journalistes.

On nous a dit, depuis lors, que si nous supprimions cette mesure, nous mettrions les journalistes dans une situation financière difficile. Autrement dit, à côté des aides à la presse – dont le principe, compte tenu de par son aveuglement, est déjà discutable – , une autre aide à la presse consiste à améliorer le salaire des journalistes par des abattements fiscaux. Eh bien, clairement, nous sommes contre : il faut payer les gens ce qu'il faut les payer, en fonction du service qu'ils rendent, tel qu'il peut être évalué dans une convention collective, et ne pas utiliser de tels subterfuges.

Mes collègues, je vous demande de comprendre que cet abattement fiscal porte sur la base de l'imposition : là où vous bénéficiez d'un abattement de 10 %, le leur s'élève à 20 ou à 30 %. C'est un privilège inacceptable. Je propose au ministre de l'économie et des finances de réaliser là une économie substantielle et surtout plus intéressante que celle qu'il nous propose sur d'autres sujets.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.