Intervention de Amiral Christophe Prazuck

Réunion du mercredi 26 juillet 2017 à 10h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Amiral Christophe Prazuck, chef d'état-major de la marine :

Ma deuxième préoccupation concerne les ressources humaines, les marins. Je sais, quand je vais au Royaume-Uni, quand je vais en Allemagne, que leurs bâtiments, leurs sous-marins restent parfois à quai parce qu'ils n'ont plus d'équipages suffisants – c'est le point noir de ces marines. Les Britanniques me demandent de leur prêter des officiers mariniers, des mécaniciens, des électriciens pour faire naviguer leurs unités.

Je sais que le mode de vie du marin implique par nature l'éloignement. Je sais aussi qu'aujourd'hui, nos jeunes concitoyens veulent concilier vie professionnelle et vie privée. Je dois donc m'en débrouiller. Partir en mer est un métier magnifique et il faut le leur expliquer. Ils le comprennent et le recrutement fonctionne convenablement. Le vrai défi est celui de la fidélisation : garder dans nos rangs les marins que nous avons formés.

Nous avons à cet effet commencé d'appliquer une politique de rémunération ciblée, qui tient mieux compte des absences prolongées. Il faut également mettre en place une politique sociale adaptée. J'estime que nous devons réinvestir ces champs pour mieux exprimer nos besoins.

Il existe une grande différence en termes de ressources humaines entre la marine et une entreprise : la moyenne d'âge sur un bâtiment de combat est de 31 ans ; sur un sous-marin elle est de 30 ans. Il faut que les marins soient jeunes : une marine de vieux, c'est une marine qui ne navigue plus. Si tous les marins avaient mon âge, les bateaux seraient à quai. Il s'agit en effet d'un métier fatigant où l'on ne fait jamais une nuit complète, etc. Il est donc nécessaire de conserver une moyenne d'âge de l'ordre de la trentaine, ce qui signifie que vous recrutez des jeunes qui ont dix-huit ans et qui doivent, quand ils ont quarante ans, évoluer vers d'autres horizons. Et, au cours de cette période de vingt ans, vous les avez formés.

Vous visiterez un SNLE et constaterez la complexité incroyable de ce bâtiment, je l'ai mentionnée déjà. À bord, ils sont 117. En patrouille, pendant soixante-dix jours, vous êtes à plusieurs centaines de mètres sous l'eau, il n'y a pas de service après-vente, vous ne pouvez pas appeler le constructeur pour lui demander comment fonctionnent le réacteur nucléaire ou l'usine à décarbonatation : vous vous débrouillez tout seul. Donc, sur des engins aussi compliqués, avec une technologie assez variée qui couvre du sonar très pointu au réacteur nucléaire en passant par la mécanique lourde, vous devez avoir à bord toutes les compétences nécessaires. Si l'on ajoute à ces dernières la nécessité d'avoir des marins jeunes, vous vous retrouvez avec une équation un peu compliquée à résoudre, qui nécessite qu'on veille de près au flux et à la formation.

J'ai été long, mais…

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