Intervention de Moetai Brotherson

Séance en hémicycle du vendredi 13 juillet 2018 à 15h00
Démocratie plus représentative responsable et efficace — Avant l'article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMoetai Brotherson :

« [La France] a ses belles langues régionales si importantes dans ce Béarn et que je veux reconnaître, et que nous reconnaîtrons. Elle a toutes ses langues qui, de la Bretagne jusqu'à la Corse, doivent pouvoir vivre dans la République. » En prononçant ces mots, le Président de la République a suscité de grands espoirs dans tous nos territoires.

Je dois vous dire, mes chers collègues, que ma langue se meurt, non pas celle de Molière et de Gauguin, mais celle de mon peuple, qui vit depuis plus de mille ans sur un océan que la plupart d'entre vous ne connaissent pas. Ce peuple semble avoir été effacé, d'un trait de plume, de la Constitution sur laquelle nous nous penchons aujourd'hui. Ce peuple est effacé de manière assez ridicule dans la présentation de l'histoire de la Polynésie sur le site même du ministère des outre-mer. Ce peuple n'a pas d'autre choix que de faire évoluer ses langues ancestrales de la même manière que les langues vivantes étrangères.

Nous voulons donc que la France et le Président de la République en fonction honorent la parole donnée. Ce qu'on dit, on le fait, c'est la première et seule promesse d'Emmanuel Macron que nous devrions tous retenir.

Nous entendons partout sur ces bancs : « Loin de nous l'idée de vouloir faire disparaître telle ou telle langue ! » Cependant, on ne peut pas créer pour certains des droits que d'autres n'auraient pas. Et les personnes qui disent cela ignorent, pour la plupart d'entre elles, que le fait de ne pouvoir maîtriser que la langue française constitue un handicap. D'une part, cela provoque du décrochage scolaire, car nous ne nous reconnaissons pas dans l'histoire de la langue française. D'autre part, cela rend l'usage des langues vernaculaires obsolète au sein des institutions.

Nous souhaitons simplement que l'usage d'une langue ne soit pas atrophié par l'usage de l'autre, car cela conduit au déni de nos histoires respectives. Je souhaite également rappeler que la consécration d'une place plus importance pour les langues dites « régionales » dans la Constitution ne pourra donner naissance à une règle inférieure dans la hiérarchie des normes que si cette règle n'est pas contraire aux autres principes de la Constitution, notamment à l'égalité des citoyens.

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