Intervention de Gabriel Serville

Séance en hémicycle du vendredi 13 juillet 2018 à 15h00
Démocratie plus représentative responsable et efficace — Avant l'article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGabriel Serville :

Il est dommage que nous n'ayons pas eu le temps d'examiner l'amendement qui visait à consacrer la primauté de la langue française. J'ai eu le sentiment que l'on voulait, par cette démarche, étouffer les autres langues. Cela m'a fait penser à une époque révolue où s'était mise en place, entre la France et ses possessions au-delà des mers, une dynamique dont le seul objectif consistait à tout écraser sur son passage.

En Guyane, je le rappelle, dans les administrations, à l'école, sur les marchés ou dans les magasins, 70 % des échanges se font dans une langue autre que le français. Les gens ne sont pas forcément locuteurs de langue française. Pourtant, les choses se passent correctement et la Guyane est toujours identifiée comme un territoire français.

Dès lors, je m'interroge : y aurait-il une volonté d'étouffer les langues régionales, dont on prétend par ailleurs qu'elles font partie intégrante du patrimoine français ? De mon point de vue, ce ne serait pas une insulte que d'associer certaines langues régionales au français dans certaines situations, notamment dans les administrations, car cela permettrait de fluidifier les relations entre les citoyens, entre les individus.

Le 28 juin dernier, le Président de la République lui-même a longuement évoqué la France archipélagique, comme Maina Sage l'a rappelé hier. Il a parlé de la démocratie des îles et a même envisagé d'organiser une sorte de forum des îles. Il y a donc, d'un côté, une certaine reconnaissance qui valorise ce que nous sommes, mais, de l'autre, lorsque nous demandons une reconnaissance en sens inverse, on trouve toutes sortes d'arguties ou de prétextes pour dire que ce n'est pas possible. Cela me dérange car la France tire souvent sa puissance – je pense notamment à sa zone économique exclusive ou à sa biodiversité – de ses possessions d'outre-mer, où l'on parle des langues différentes du français. La moindre des reconnaissances que notre nation pourrait manifester à l'égard de ces personnes qui parlent une langue autre que le français serait d'accorder un avis favorable à la demande formulée par M. Castellani.

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