Intervention de Marc Fesneau

Séance en hémicycle du lundi 9 juillet 2018 à 15h00
Débat sur la déclaration du président de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarc Fesneau :

Il est le cri de ceux qui voient la modernité comme un retour en arrière ou une régression pour eux. L'économie, la croissance, la capacité d'attractivité du pays sont des leviers déterminants, non pas tant parce que nous serions les tenants de je ne sais quel modèle ou philosophie économiques, mais parce qu'ils sont des leviers pour espérer, s'intégrer, et trouver sa place dans le collectif national. Nous avons été au rendez-vous de cet objectif.

Et, de même, il n'est pas de société qui ne puisse continuer de se développer et de prospérer durablement sans l'accès à la connaissance et à l'éducation, l'accès à la culture, la solidarité intergénérationnelle, l'intégration réelle ; sans la capacité de tendre la main à celles et à ceux qui connaissent des accidents de parcours, à qui la vie n'a pas toujours souri, à celles et à ceux qui ne viennent ni des beaux quartiers, ni des territoires les plus prospères ou qui n'ont pas eu la chance de connaître un foyer ou un environnement stables.

Enfin, il n'est pas de société durablement prospère sans le sentiment de la justice et des moyens donnés à chacun de trouver sa place et de gravir les échelons, en préservant les fondements de ce qu'est l'histoire française – la solidarité, l'universalité, l'effort équitablement partagé, la récompense de l'effort consenti, l'État providence actualisé – , sans faire du passé table rase, mais sans s'interdire de s'interroger sur l'efficacité réelle des dispositifs.

Notre projet doit tenir ce cap, invariablement, sans se laisser dérouter de cet horizon final, sans se laisser ballotter par la simple idée qu'il faudrait, par des mesures symboliques, équilibrer et contrebalancer le poids de l'un ou de l'autre ; sans renoncer à l'idéal de société qui est le nôtre : une société qui ne soit pas toujours plus dure aux faibles et plus faciles au chanceux ou aux forts ; sans opposer les uns aux autres car, pour nous, nous avons besoin des uns et des autres pour faire réellement société. C'est ce modèle qu'il nous faut rebâtir, au premier sens du terme.

Et dans chacun des textes que nous aurons à examiner, il faudra veiller à ce que tout cela se fasse avec l'objectif, l'idée que c'est un tout, qu'il n'y a pas d'économie prospère qui ne serve le collectif et de solidarité efficace qui ne soit libératrice.

Depuis un an, avec nos collègues du groupe La République en marche, nous sommes au rendez-vous des promesses faites aux Français sur certains sujets : simplification du droit du travail, loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel, future loi pour la croissance et la transformation des entreprises, loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et une alimentation saine et durable, réforme ferroviaire.

Et nous pouvons y ajouter des mesures qui, sans toujours relever de la loi, constituent de vrais changements, des changements profonds. Je voudrais ainsi citer l'ambition retrouvée de l'éducation nationale, le reste à charge zéro pour les dépenses de santé essentielles ou le plan de lutte contre la fracture numérique territoriale. Cela aussi, c'est la justice sociale.

C'est une première étape dans la restauration de la confiance. Faire ce que l'on avait dit que l'on ferait ; cela paraît simple mais, de fait, c'est assez nouveau.

Est-ce suffisant ? Certainement pas, mais, sans ce point de départ, rien ne serait possible, parce que la confiance retrouvée passe aussi par la pédagogie de la réforme, c'est-à-dire par le sens donné aux choses et la compréhension par les Français des réalités concrètes issues de notre travail de législateurs.

Montrer le projet global, montrer et démontrer en quoi nos réformes vont changer la vie de chacune et chacun d'entre nous, donner chair à notre projet, parler au coeur des Français, c'est tout le défi que nous avons devant nous.

Dans le monde tel qu'il est, la raison et la rationalité ne suffisent pas. Dans le monde où nous vivons, parfois si technique et si technocratique, nous avons besoin de plus d'empathie. Cette empathie et cette pédagogie doivent s'opposer à la démagogie des temps.

De même, nous devons opposer l'exigence de nos attitudes et de nos projets à la facilité de l'immédiateté et de l'écume des choses. Opposer la fierté collective de ce que nous sommes et de ce que nous portons, nous, Français, et nous, Européens, aux tentations du repli qui menacent.

Et nous devons poursuivre le travail de renouvellement de notre démocratie. C'est tout le sens de la réforme institutionnelle que nous examinerons à partir de demain, en conformité avec les engagements du Président de la République pris l'an dernier devant ce même Congrès.

Il y a ceux qui ont décidé d'en rester aux postulats de départ, et dont la conviction est déjà forgée. Nous, nous sommes de ceux qui pensent que notre responsabilité de constituants est de faire de cette réforme une réforme au service du pouvoir retrouvé du Parlement et d'une reconnaissance plus affirmée des territoires.

Un parlement écouté, c'est un parlement qui sert la démocratie, parce qu'il joue utilement son rôle d'interface entre les citoyens et ceux qui les gouvernent. Et c'est une démocratie représentative, restaurée dans ses fondements.

Des territoires qui sont respectés dans leur diversité et parties prenantes de l'aventure nationale, c'est également le défi que nous avons à relever au travers de cette réforme.

En ce moment si particulier de notre histoire, qui voit les fractures nationales faire écho aux fractures internationales, qui marque le retour de la force comme instrument de la volonté politique et du populisme comme moyen d'accéder au pouvoir, nous devons trouver une voie étroite vers ce que les constituants de 1789, qui en ce même jour se réunissaient pour la première fois, avaient espéré de plus haut pour notre pays.

Coudre et recoudre la tunique unitaire déchirée ; tisser et retisser le lien social et politique, en installant la liberté entre les hommes ; inventer et réinventer la règle et le consentement, l'unité d'un peuple, la solidarité, le droit, la juste représentation, une démocratie équitable, adaptée aux temps et aux moeurs : telle est l'ambition que nous devons nourrir, avec l'humilité de ceux qui savent que tout ne découle pas seulement d'eux mais qu'ils doivent, avec détermination, prendre leur part.

Telle est la voix que le groupe du Mouvement démocrate, au nom duquel je m'exprime aujourd'hui, souhaite faire entendre.

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