Intervention de Frédérique Vidal

Réunion du mardi 10 juillet 2018 à 17h35
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation :

En préalable, je vais revenir sur les parcours personnalisés car certains d'entre vous m'ont interrogée. Ces parcours prennent plusieurs formes, en fonction des décisions prises par le directeur des études à la rentrée.

Lorsque les lycéens acceptent un « oui mais », la procédure d'accompagnement spécifique, obligatoire, peut engendrer un allongement des études, mais ce n'est pas toujours le cas. Quelles sont les différentes modalités d'accompagnement ? Il peut s'agir de tutorat par des étudiants de niveau L3 – en complément, dans certaines résidences des centres régionaux des oeuvres universitaires et scolaires (CROUS), les étudiants de L1 et de L3 sont logés au même endroit, afin que le tutorat puisse également se dérouler en dehors des heures de cours.

Cela peut également se traduire par des travaux dirigés supplémentaires. Les licences comprennent un certain nombre de « crédits européens d'enseignement ». Ces crédits correspondent à un volume d'heures de travail pour l'étudiant, par exemple vingt heures. Ces heures peuvent ensuite être réparties librement, par exemple dix heures devant un professeur et dix heures de travail personnel, ou quinze heures de cours et cinq heures de travail personnel. Le nouvel arrêté d'organisation des licences nous permet donc de moduler la quantité de travail en présence d'un enseignant, d'un tuteur ou d'un mentor pour chaque étudiant, sans modifier les crédits d'enseignement obtenus.

L'accompagnement peut également se traduire par un ralentissement dans le temps de la progression de l'étudiant : le premier semestre sera consacré à la remédiation, les enseignements ne débutant qu'au second semestre.

Cela s'appuie également sur une politique volontariste d'orientation, que beaucoup de jeunes appellent de leurs voeux. Je vous le rappelle, des rentrées sont possibles au mois de janvier – notamment en section de technicien supérieur (STS) et en institut universitaire de technologie (IUT). Ce temps d'orientation au premier semestre peut donc aboutir à des réorientations au second semestre de l'année universitaire.

Toutes les options sont ouvertes, la décision revenant conjointement au directeur des études et à l'ensemble du collectif pédagogique – enseignants, enseignants-chercheurs, centres d'orientation. L'objectif est bien de proposer une solution adaptée à chaque étudiant.

S'agissant des formations hors Parcoursup, ce sujet a été évoqué lors de nos débats sur la loi ORE et les dispositions votées sont claires : au plus tard à la rentrée 2020, toutes les formations doivent intégrer Parcoursup, ce qui réglera les problèmes que vous évoquez, madame Piron. À compter de 2019, seules quelques dérogations seront possibles dans les filières qui doivent intégralement réorganiser des concours – d'autant plus que certains ont lieu avant Noël. À la rentrée 2020, 100 % de l'offre de formation du supérieur sera sur Parcoursup, c'est ce que vous avez souhaité inscrire dans la loi.

Mais, dès maintenant, les établissements privés dont les inscriptions sont réalisées hors Parcoursup ont l'obligation réglementaire de ne les valider que sur présentation d'un document de démission de la plateforme, afin que les étudiants ne puissent pas à la fois être inscrits dans une formation hors Parcoursup et bloquer une place sur la plateforme. Dans les jours qui viennent, les candidats qui ont obtenu leur baccalauréat vont confirmer leur inscription et devront donc démissionner de la plateforme.

S'agissant des outre-mer, tous les lycéens ultramarins sont considérés comme faisant partie de l'académie dans laquelle ils demandent une formation. Ainsi, ils n'entrent pas dans les quotas de mobilité. Si un étudiant ultramarin demande une formation à Paris, il est réputé habiter à Paris, ce qui évite les discriminations liées au fait que les territoires d'outre-mer ne proposent pas toute l'offre de formation que l'on trouve en métropole.

Monsieur Serva, je n'ai pas connaissance du cas particulier de cette lycéenne guadeloupéenne. Au regard du traitement médiatique de celui de la lycéenne de Polynésie, nous allons examiner son dossier. En tout état de cause, le dispositif « meilleurs bacheliers » est aussi là pour accompagner ces élèves. Par ailleurs, tous les lycéens ont le droit de cliquer sur le bouton de demande d'aide auprès du rectorat et des commissions académiques. Nous avons souhaité remettre de l'humain dans le dispositif : on peut désormais avoir quelqu'un au téléphone et lui expliquer son problème.

A-t-elle effectivement été refusée de toutes les classes préparatoires qu'elle avait demandées ? Restons prudents ; je ne doute pas que la jeune fille polynésienne était tout à fait sincère lorsqu'elle a affirmé qu'elle avait été refusée dans toutes les prépas mais, en réalité, elle avait été acceptée et avait refusé. Au reste, si elle avait mis Paris en premier, peut-être l'aurait-elle obtenu – même si maintenant elle veut aller à Toulouse. Enfin, elle avait placé les sciences économiques en premier et voudrait maintenant suivre un cursus de mathématiques, physique et sciences de l'ingénieur (MPSI). Son projet a donc mûri.

Aucun des rectorats d'outre-mer – avec lesquels nous sommes en relation toute aussi régulière que ceux de métropole – ne nous a alertés sur les difficultés particulières de candidats ultramarins pour s'inscrire dans des formations dans l'Hexagone. Nous reviendrons vers vous pour ces cas particuliers.

Avec Annick Girardin, nous avons engagé une réforme afin que l'offre de formation des universités ultramarines soit plus étoffée. En effet, il est très difficile de venir étudier en métropole quand on a grandi en outre-mer, comme le soulignent les statistiques de réussite, très faibles. Nous devons donc être en mesure d'offrir plus de formations sur place. Un réseau des universités ultramarines va être constitué. Il leur permettra de mettre en commun leurs offres de formation, en réseau également avec des universités de métropole. Ainsi, chaque territoire ultramarin devrait être en mesure de proposer toute la panoplie des formations que l'on trouve en métropole. De premiers résultats sont attendus dès l'année prochaine. Vous le voyez, les spécificités de l'outre-mer sont prises en compte.

S'agissant des classes préparatoires, depuis que l'article du Parisien a été publié, les 50 % évoqués se sont déjà transformés en deux tiers de confirmations, car les résultats du baccalauréat sont tombés. Les lycéens les attendaient pour se décider définitivement. Il ne faut pas confondre remplissage et confirmation définitive : l'immense majorité des classes préparatoires est désormais remplie, sauf celles qui apparaissent désormais dans les procédures complémentaires et y offrent les places qui leur restent.

Pour autant, tous les candidats n'ont pas encore définitivement confirmé leur choix. La plateforme a simplement permis de révéler que l'on peut être pris en classe préparatoire et avoir quand même envie de réfléchir. Pourquoi pas ?

Il n'y a donc pas de difficulté particulière. En outre, rien n'empêche les classes préparatoires de mettre en ligne la liste des livres nécessaires pour que les élèves préparent la rentrée.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.