Intervention de Frédérique Vidal

Réunion du mardi 10 juillet 2018 à 17h35
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation :

Je fais totalement confiance aux sociologues faisant partie du comité pour déterminer les profils selon lesquels ils construiront leurs études. Ils m'ont déjà indiqué qu'il serait délicat de fournir des chiffres robustes sur la base d'une première année de fonctionnement de la plateforme, ce qui n'empêchera pas de poser les bonnes questions au vu des résultats. Ce qui importe à mes yeux est de disposer, pour un cycle d'études de deux ou trois ans, d'éléments permettant d'apprécier si la loi a bien traduit cette philosophie tendant à plus de démocratisation et plus de mobilité sociale.

Ce résultat apparaît nettement à travers les mesures très simples que vous avez adoptées dans la loi : demander que des élèves boursiers soient impérativement admis dans les classes préparatoires revient de fait à perturber la sociologie de ces classes. Je laisserai toutefois les sociologues conduire leurs travaux, car il est important que la recherche puisse s'exercer sur ce sujet.

Enfin, je souhaite rassurer tous les bacheliers qui ont choisi de préparer le concours d'accès aux IFSI, qui constitue d'ailleurs, en réalité, une préparation pour la réussite des études dans les sciences infirmières puisqu'elles sont très exigeantes. Il est curieux d'observer que personne n'est choqué par le fait que les filières sélectives appellent des années de préparation, ce dont nous avons souhaité tenir compte en considérant que certains bacheliers devaient être aidés gratuitement à préparer une licence au sein des universités. Les jeunes inscrits dans ces années pourront les valoriser, car elles constituent la preuve de leur motivation.

À cet égard, je rappelle qu'il n'y a pas de différence de traitement au sein des établissements entre les bacheliers de l'année « n » et de l'année « n – 1 ».

J'appelle toutefois votre attention sur le fait que le montant estimé des frais d'inscription aux concours et des frais de déplacement engagés pour se rendre sur les lieux où ils se déroulent s'élève à 25 millions d'euros. Dès lors qu'il s'agit de formations financées par l'argent public, qu'il provienne des régions ou de l'État dans le cadre de l'universitarisation, il n'a pas paru souhaitable de maintenir des concours payants dont le coût global s'étageait entre 1 000 et 2 000 euros par candidat.

Cette évolution a été déterminée en concertation avec les IFSI, qui vont déterminer leurs critères d'accès, et nous ferons en sorte que les choses se passent au mieux, car certains établissements de formation paramédicale pratiquent une sélection sur dossier, sur la base de critères garantissant le recrutement d'élèves très motivés, pour des filières très exigeantes en termes d'engagement. Je ne doute donc pas que les IFSI sauront définir leur politique de recrutement et prendre appui sur les professeurs principaux qui connaissent les jeunes.

Je le redis, cette décision n'a pas été imposée aux IFSI : elle s'inscrit par ailleurs dans une véritable universitarisation des professions de santé. Il s'agit en effet non seulement du diplôme, mais aussi du grade de licence, donc de la possible poursuite d'études en master de pratique avancée ou de spécialité. Cela signifie encore que nous allons constituer des enseignants-chercheurs formés en science infirmière de façon à créer un écosystème, car l'universitarisation consiste avant tout à appuyer l'offre de formation sur de la recherche.

Bien entendu la part professionnalisante de cette formation est maintenue, car elle est essentielle. Toutefois, comme dans tous les pays du monde, il convient d'articuler la formation et la recherche, y compris pour les professions de santé.

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