Intervention de Dominique Potier

Séance en hémicycle du jeudi 13 septembre 2018 à 9h30
Équilibre dans le secteur agricole et alimentaire — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Potier :

Nous n'avons eu quant à nous de cesse d'essayer de réparer les dégâts de la loi de modernisation de l'économie, qui a choisi à court terme le pouvoir d'achat des Français et, à long terme, la grande distribution contre des écosystèmes publics et privés durables pour notre agriculture. Nous ne cessons de nous battre en ce sens. Nous le faisons trop timidement – nous prenons notre part de responsabilité – mais ne faites pas porter je ne sais quelle responsabilité à Stéphane Le Foll et à la loi Sapin II alors que la loi dont nous discutons est la queue de comète, le complément de la LME.

Nous, nous avons essayé de rétablir des contrats de loyauté dans l'économie, cette loyauté qui est en effet le mot-clé de ce qui nous réunit aujourd'hui. Cette loi rétablira-t-elle des principes de loyauté ? La concurrence déloyale, dans le domaine agricole, équivaut à un suicide collectif, à un suicide factuel pour des hommes et des femmes, à un suicide pour notre nation et pour l'Europe à l'heure où les grandes puissances confortent leur agriculture car elles ont compris les enjeux du sol et de l'alimentation au XXIe siècle, à un suicide planétaire enfin : relisez le rapport de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, la FAO, publié mardi et dont de grands journaux se sont fait l'écho hier ! L'accélération du changement climatique suite aux désordres de l'agriculture met en péril la fertilité même des sols et nous condamne à un cycle de famines qui, lui-même, provoquera des désordres incommensurables à l'échelle mondiale.

La loyauté, c'est la sagesse ; la loyauté, c'est donner à des entreprises régulées, dans un monde régulé, où nous aurons posé des limites, de nouvelles capacités d'innovation, pour une agriculture qui en a toujours été capable. Je répondrai à Richard Ramos par l'image du fleuve, dont la dynamique repose sur les rives : si elles viennent à disparaître, ce n'est plus un fleuve, mais un marécage. Il en est de même de la dynamique de l'économie et de l'entreprise : nous refusons une mondialisation Shadoks, une mondialisation marécageuse. Nous voulons des règles de loyauté.

Et nous en voulons tout d'abord au sein du monde paysan. En l'occurrence, nous devons faire un mea culpa collectif. La paysannerie avait une tradition communautaire et coopérative, mais l'individualisme libéral a fait de grands ravages : compétition sur les marchés, dans le foncier, surinvestissements, agrandissements démesurés, tout cela nuit, est suicidaire pour la profession. Il faut retrouver l'esprit coopératif, l'esprit de partage, le partage de la valeur ajoutée.

La loyauté se situe également à l'échelle de la Nation – c'est d'ailleurs la raison d'être de nos débats. Or permettre aux filières de s'organiser en l'absence d'arbitre, c'est se moquer du monde...

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