Intervention de François Ruffin

Séance en hémicycle du vendredi 14 septembre 2018 à 21h30
Équilibre dans le secteur agricole et alimentaire — Article 14 septies

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Ruffin :

Un certain nombre de questions de fond ont été posées au ministre. Moi, je lui demande comment il explique l'échec des plans Écophyto 1 et 2 et comment ce qui n'a pas marché hier le pourrait à l'avenir. M. Lurton a formulé des questions intéressantes, que je me pose également. Comment fait-on dans une économie ouverte pour éviter les distorsions de concurrence si l'on interdit le glyphosate dans notre pays ?

Le libre-échange est une machine à instaurer du dumping environnemental ou, à tout le moins, à interdire le progrès environnemental. L'interdiction du glyphosate ne sera pas la première mesure sur laquelle il n'y aura pas réciprocité. Un accord vient d'être signé avec le Japon: dans ce pays, on utilise près de 12 kilogrammes de pesticides par hectare contre 4 kilogrammes en France, niveau que l'on veut diminuer. L'atrazine est interdite en France, mais encore autorisée aux États-Unis ; les traitements après récolte sont interdits en France, mais permis en Espagne; les OGM sont interdits en France, mais autorisés en Amérique du Sud. L'absence de réciprocité dans les accords commerciaux en matière environnementale produit, évidemment, des distorsions de concurrence.

La question posée par M. Lurton mérite une réponse ; je ne doute pas que des possibilités techniques existent dès aujourd'hui pour remplacer le glyphosate, mais on risque de ne plus être compétitif par rapport aux autres pays. C'est une évidence, et il faudra recourir à davantage de main-d'oeuvre, que l'on espère payée décemment et employée dans des conditions sociales normales, et non pas constituée de travailleurs détachés sous-payés. Du coup, l'agriculture française ne sera pas compétitive. Moi, j'ai pour objectif que l'on mette entre parenthèses la compétitivité de l'agriculture française, mais vous, monsieur le ministre, quelle est votre réponse ? Comment ferons-nous dans trois ans pour non seulement disposer de solutions techniques, même si, je le redis, selon moi elles existent déjà, mais aussi qu'elles ne pénalisent pas la compétitivité si on continue à opérer dans une économie ouverte ? Comment ferez-vous ? Cette question vous est posée des deux côtés de l'hémicycle.

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