Intervention de Charles de Courson

Séance en hémicycle du mercredi 26 septembre 2018 à 21h30
Croissance et transformation des entreprises — Article 4

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCharles de Courson :

Comme l'ont déjà dit de nombreux intervenants, nombre de jeunes entrepreneurs échouent, et cela non parce qu'ils ont un mauvais produit ou un mauvais service, mais parce qu'ils ne savent pas gérer. J'ai vu souvent qu'ils ne savaient pas calculer un vrai prix de revient ni choisir l'outil juridique adapté à leur entreprise, que personne ne leur avait expliqué les avantages et inconvénients d'une forme de société pour leur situation ou indiqué s'il leur fallait rester entrepreneurs individuels ou autoentrepreneurs... Ils ne savent pas tout cela, ils ne connaissent pas les obligations légales, alors que ce sont souvent de bons commerciaux et artisans.

Du reste, l'analyse des échecs de créations d'entreprises est très intéressante : le manque de formation est l'un des facteurs centraux qui expliquent que le taux de mortalité soit deux fois plus élevé chez ceux qui n'ont pas eu de formation élémentaire à la gestion que chez ceux qui en ont suivi une. Le taux de mortalité est en effet de 25 % pour ceux qui ont suivi une véritable formation, contre 50 % pour ceux qui n'en ont pas suivi. Un sur deux qui échoue ! Voilà ce que révèlent les études en la matière.

Pourquoi donc supprimer ce dispositif ? Vous nous dites que vous ne supprimez que le caractère obligatoire du stage, et pas le stage lui-même. Mais qu'allez-vous gagner ? Quant au coût... De mémoire, le coût de cette formation est de 194 euros ! On peut même la rendre gratuite : il suffit de redéployer les crédits de la majoration dont bénéficient notamment les chambres de métiers pour la formation !

Bref, que cherche-t-on ? Vous allez aboutir, monsieur le ministre, à l'inverse de votre objectif : vous allez augmenter le taux de mortalité des jeunes entreprises, et tout le monde dira combien il est difficile de se lancer dans la création d'entreprise.

Un peu de bon sens ! Nous n'allons pas réinventer le monde. Dominique Potier évoquait ce que nous a expliqué ce matin la FNSEA – Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles – à propos des stages d'installation destinés aux jeunes agriculteurs. Le taux de succès est très élevé: le taux de mortalité est de 10 % au bout de cinq ans ! Mais il faut dire que dans l'agriculture, il ne suffit pas de deux jours de stage pour s'installer ! C'est beaucoup plus long. On voit donc bien que la formation, l'apprentissage des éléments élémentaires de la gestion est une composante centrale du succès de la création.

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