Intervention de Charles Sultan

Réunion du jeudi 27 septembre 2018 à 10h45
Mission d'information sur la révision de la loi relative à la bioéthique

Charles Sultan :

Il faut simplement utiliser les textes existants : l'Organisation mondiale de la santé (OMS) contrôle l'application de la Convention relative aux droits de l'enfant des Nations Unies dans le domaine de la santé et du développement des enfants. Cela doit inclure leur protection contre la pollution environnementale.

De même, la loi relative à la politique de santé publique affirme le droit de l'enfant à s'épanouir dans un environnement protecteur.

Les dispositions sont déjà inscrites dans les textes. Il n'est donc pas nécessaire de modifier la loi, même si elle n'est respectée par personne… En résumé, la protection de l'enfant relève certes d'organisations internationales, mais c'est également votre rôle de député que de suivre avec davantage d'attention l'application de la loi.

Il est urgent de protéger les générations futures ; c'est mon combat depuis quelques années. J'ai rencontré plusieurs députés et d'autres personnalités. Notre laxisme, notre insoutenable légèreté ont de graves conséquences sur le devenir psychologique et somatique de milliers d'enfants. Vous avez reculé de trois ans l'interdiction du glyphosate : trois millions de foetus, et donc d'enfants, supplémentaires risquent ainsi d'être contaminés. Je vous rappelle qu'il y a quelques années, une étude américaine avait montré que l'on pouvait identifier deux cent quatre-vingt-sept produits chimiques perturbateurs endocriniens dans le sang du cordon…

L'éditeur en chef d'Archives of Disease in Childhood, notre ouvrage de référence, posait alors la question : how to protect our unborn babies ? Comment protéger nos enfants qui ne sont pas encore nés contre la pollution chimique ? Voilà la question éthique prioritaire. Nous contaminons des femmes enceintes et des foetus : c'est toute une génération qui verra son devenir physique, psychologique et psycho-développemental affecté par ces pollutions.

Il y a quinze jours, au Congrès international sur la femme et l'enfant, j'ai été invité à faire une lecture sur le thème : « How to protect the pregrant women from endocrine disruptors ? » – comment protéger les femmes enceintes des perturbateurs endocriniens ? Je vous propose de voter une loi qui comporterait vingt-cinq mesures à prendre pour toute femme enceinte. Ces mesures peuvent paraître banales, voire triviales, mais elles sont essentielles pour les protéger.

Je suis également en discussion avec certains hommes politiques pour engager une réflexion législative concernant les générations futures. La transmission transgénérationnelle est dramatique. Je suis le conseiller de l'association des victimes du Distilbène. J'ai étudié l'effet transgénérationnel du Distilbène chez les garçons ; mais nous sommes en train de publier l'observation d'une petite fille de huit ans qui nous avait été adressée pour des hémorragies génitales. Personne n'avait réussi à diagnostiquer leur cause. Or ces hémorragies correspondaient à un adénocarcinome du vagin. En conséquence, elle a subi opérations et chimiothérapie. Mais, ce qui est dramatique, c'est que sa mère avait tous les stigmates des enfants Distilbène et que sa grand-mère avait pris du Distilbène… C'était la première observation clinique d'un effet transgénérationnel chez la fille : l'adénocarcinome du vagin est une maladie connue chez les enfants Distilbène. C'est d'ailleurs l'analyse des cancers du vagin de ces enfants à la puberté qui avait permis de développer le concept – évoqué par ma collègue – d'origine foetale d'une pathologie adulte. La vie foetale est déterminante pour la santé du nouveau-né, de l'enfant, de l'adulte, et peut-être du vieillard, même si cela ne relève pas de mes compétences.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.