Intervention de Alexandre Urwicz

Réunion du mardi 2 octobre 2018 à 11h00
Mission d'information sur la révision de la loi relative à la bioéthique

Alexandre Urwicz, président de l'Association des familles homoparentales (ADFH) :

Le propre de l'homme est d'évoluer, de se remettre en question, d'avoir des doutes. Certaines interventions nous montrent que ce n'est pas toujours le cas, que ce ne le sera jamais : c'est ce que l'on appelle le dogme.

Je suis ravi d'entendre que ces associations proposent d'accueillir toutes les familles. De manière empirique, je constate que lorsque certaines associations conservatrices siègent dans les conseils de famille qui prononcent les adoptions, les dossiers des couples adoptants de même sexe sont, comme par hasard, remis systématiquement en bas de la pile. Nous avons quelques exemples récents, qui font l'actualité. Les mêmes ressorts sont à l'oeuvre dans l'opposition à l'accès des femmes lesbiennes à la PMA. On en sait le motif, on sait d'où vient cette haine : c'est le rejet, encore une fois, de l'homoparentalité. Il faut remettre les points sur les i !

Dans les propos des intervenants assis à ma gauche, tout se passe comme si la construction familiale était une photo, avec un père et une mère, mariés à vie, et des enfants. On voit bien que la réalité est différente : plus d'un enfant sur deux naît hors mariage, 60 % d'entre eux sont reconnus en mairie, car la présomption de paternité ne prime plus sur le mode d'établissement de la filiation. La recomposition existe. Homosexuel aujourd'hui, pourquoi ne pourrais-je pas être hétérosexuel dans trois mois, prêt à me marier avec une femme et à avoir des enfants par la voie charnelle ? Et pourquoi les personnes aujourd'hui hétérosexuelles ne deviendraient-elles pas homosexuelles ? Faut-il vraiment trier les familles au moment de la conception et leur indiquer tel ou tel guichet, parce que certaines auraient un droit et que les autres seraient différentes ? C'est se mentir à soi-même, et attentatoire à la personne, que de penser que les hommes et les femmes sont figés dans leur situation personnelle.

Un sondage récent de l'IFOP sur le désir de parentalité nous apprend que 52 % des personnes LGBT sondées envisagent d'avoir un enfant au cours de leur vie. Elles sont 35 % à avoir l'intention d'avoir des enfants au cours des trois prochaines années, soit une proportion supérieure à celle que peut observer chez l'ensemble des Français – 30 %. L'orientation sexuelle n'est donc pas un facteur qui altère le désir de parentalité. Discuter de l'accès à une technique relève de l'égalité des droits, non du domaine de l'orientation sexuelle. Il faut arrêter de faire l'amalgame et de mettre des personnes sur une voie de garage, en raison de leur orientation sexuelle.

J'ai déjà entendu le discours qui consiste à vouloir faire primer la procréation naturelle. Mais que cela signifie-t-il pour un couple de femmes lesbiennes ? Qu'elles doivent devenir hétérosexuelles le temps d'une nuit pour tomber enceintes ? On ne peut pas imposer ainsi une orientation sexuelle. Et cette pensée est tellement caricaturale que je m'étonne presque de devoir l'exprimer à ce micro !

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