Intervention de Nicolas Hulot

Réunion du lundi 25 septembre 2017 à 16h00
Commission des affaires économiques

Nicolas Hulot, ministre d'état, ministre de la transition écologique et solidaire :

Monsieur Fabien Di Filippo, si la disparition de notre production – qui représente seulement 1 % de notre consommation, vous l'avez souligné – nous oblige à augmenter nos importations, alors nous aurons perdu, c'est vrai. L'effort de neutralité carbone devra être beaucoup plus important ! Mais ne partons pas perdants et ne baissons pas les bras. Je suis plus confiant que vous, même si je reconnais que l'exercice sera difficile.

Vous avez raison : la réussite de l'objectif inscrit dans ce projet de loi est conditionnée par la réussite d'autres objectifs, qui sont d'ores et déjà inscrits dans la loi relative à la transition énergétique. Il faudra mener tous ces combats simultanément ; il faudra réduire notre consommation.

Si nous devons, dans un délai raisonnable, parce que cela a été inscrit dans la loi, réduire un peu ou beaucoup – je n'en sais rien – la part du nucléaire, ce sera décidé en fonction des résultats obtenus par les énergies renouvelables. Beaucoup de gens doutent de la capacité de celles-ci à prendre le relais des énergies conventionnelles. Mais gardez à l'esprit qu'en la matière, nous sommes sinon à la préhistoire, du moins aux tout débuts de l'histoire. Jusqu'ici, avec les énergies fossiles et le nucléaire, pour ceux qui considéraient que cette technologie pouvait répondre à nos besoins, nous n'avions pas vraiment de raison de nous lancer de toutes nos forces dans les énergies renouvelables.

Observons bien ce qui est en train de se passer dans les pays émergents qui n'ont pas les mêmes réserves et les mêmes réticences que nous : ils ont atteint, voilà déjà quelques années, les objectifs de développement des énergies renouvelables qu'ils s'étaient fixés pour 2020.

Tout dépend de la foi que l'on a et des moyens que l'on va consacrer à ces nouvelles énergies. Il n'y aura pas une énergie de substitution mais un panel. J'espère qu'il y aura quelques ruptures technologiques sur le stockage des énergies intermittentes. En tout cas, il faut que la France affiche sa détermination à un moment donné.

Je me réjouis que beaucoup d'entre vous soient plus ambitieux que je ne le suis à ce stade. Mais s'il existe dans ce projet de loi quelques petites faiblesses qui ont pu être pointées du doigt et qui seront probablement rappelées à travers vos amendements, c'est par crainte d'être censurés par le Conseil constitutionnel.

Dans mon discours liminaire, je n'ai pas évoqué les deux articles sur lesquels vous êtes saisis au fond, et je vous prie de m'en excuser. Sur l'article 4, comme vous, j'espère que le recours aux ordonnances ne deviendra pas la norme. Il est cependant urgent d'agir. J'ai appris que nous étions passés l'année dernière au bord d'une rupture d'approvisionnement. Il faut donc sécuriser notre approvisionnement pendant l'été pour pouvoir faire face aux besoins l'hiver.

L'article 5, quant à lui, n'a pas pour objectif d'augmenter le coût pour les consommateurs mais au contraire de le réduire. Il est donc urgent d'adopter cette disposition pour les protéger.

J'essaie d'avoir de la prévisibilité car, comme vous l'avez dit, il y aura des gagnants et des perdants. Si, à terme, l'idée est qu'il n'y ait que des gagnants, à un moment il faudra bien passer par des conversions professionnelles, des bouleversements dans certains territoires. Je n'ai toutefois pas le sentiment que ce projet de loi va toucher tant d'emplois que cela, les entreprises concernées n'étant pas monofonctionnelles, et exerçant une grande diversité d'activités. En tout état de cause, l'objectif est de planifier la transition et d'identifier les territoires ou les personnes qui vont subir cette transition afin de pouvoir les accompagner. Tel est l'esprit des contrats de transition, clé de l'acceptabilité sociale de la transition écologique.

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