Intervention de Nicolas Hulot

Réunion du lundi 25 septembre 2017 à 16h00
Commission des affaires économiques

Nicolas Hulot, ministre d'état, ministre de la transition écologique et solidaire :

Sans vouloir esquiver les questions soulevées, ce n'est peut-être pas le moment de refaire le débat sur la transition énergétique. Mieux vaut se concentrer sur le présent texte.

Je comprends les réserves et les réticences de ceux qui, vivant dans un paysage séculaire, se retrouvent tout à coup face à ces mâts imposants. Mais qu'est-ce qui est le plus urgent ? Personne n'a envie d'avoir une centrale nucléaire ou une centrale à charbon à côté de chez soi et peu de gens ont envie d'avoir des éoliennes à côté de chez eux. Mais à ce compte-là, on est sûr d'avoir le pire des scénarios en matière de changement climatique. Regardez ce qui se passe au quotidien et pas seulement dans les îles des Caraïbes, même si elles sont plus vulnérables que nous ! Demandez aux agriculteurs de vous parler des conséquences du changement climatique ! À un moment ou un autre, il faudra donc bien faire des choix.

Comme vous, je suis attaché aux paysages, mais je suis obligé de définir une sorte de hiérarchie en matière de choix. Pour protéger demain l'humanité, il faudra bien sacrifier un certain nombre de choses.

Monsieur Max Mathiasin, il est aberrant en effet qu'il n'y ait pas, en outre-mer, une forme d'autonomie énergétique. S'agissant de la géothermie, je ne sais que trop bien pourquoi il n'y a pas un nouveau forage en Guadeloupe… Vous avez parlé du vent et du soleil, mais il ne faut pas oublier les énergies thermiques marines qui peuvent combattre l'intermittence. Dans les mois qui viennent, il nous faudra travaille sur ces sujets avec Mme Annick Girardin, la ministre des outre-mer.

L'énergie conventionnelle, et notamment la production d'électricité, a été subventionnée pendant très longtemps. C'est pour cela qu'elle a changé d'échelle et qu'elle a pu devenir ce qu'elle est. Gardez à l'esprit qu'il y a beaucoup d'appels d'offres en Europe, s'agissant notamment des éoliennes, qui se font sans la moindre subvention. On parvient parfois à une parité avec le coût du réseau.

La première fois que j'ai rencontré Narendra Modi, le Premier ministre indien, il m'avait dit ceci : « Monsieur Hulot, j'ai été élu en Inde pour donner accès à l'électricité à 500 millions d'Indiens qui n'en disposent qu'une heure par jour et aux 500 autres millions qui ne l'ont pas du tout. Et comme j'ai du charbon, je vais l'exploiter. » C'était il y a quatre ans. Entre-temps, il a été à l'origine de l'Alliance solaire internationale et, sans aller jusqu'à dire qu'il ne va pas du tout exploiter le charbon, sa priorité, c'est les énergies solaires. Croyez-moi, il risque de nous surprendre.

Comment convaincre ? Par l'exemple, l'effet d'entraînement – le dispositif mis en place pour les véhicules va être suivi –, la réussite, c'est-à-dire la mise en place de mesures. Pourquoi vouloir augmenter le prix du carbone – tout en diminuant bien sûr d'autres prélèvements pour ne pas entraîner les acteurs économiques et les citoyens dans une impasse ? Parce que sans introduire un avantage compétitif en faveur de l'économie bas carbone, nous n'y arriverons pas. Parce que si la commande publique ne s'approvisionne pas auprès d'une économie bas carbone, nous ne créerons pas les nouveaux standards de demain.

Certes, l'administration Trump a tourné le dos à l'accord de Paris, mais au moment où je vous parle, il y a trois fois plus d'emplois aux États-Unis dans les énergies renouvelables que dans le charbon. Pour avoir discuté il y a quatre jours avec Jerry Brown, le gouverneur de Californie, et avec le maire de New York, je peux vous dire que les nouveaux standards industriels dans le transport aux États-Unis vont se faire en Californie et à New York. Une grande partie des États-Unis est en train de préparer le modèle économique et énergétique de demain. Nous avons intérêt à fixer des objectifs et à garder à l'esprit que nos petites, moyennes et grandes entreprises couvrent l'ensemble du dispositif de la transition climatique.

Monsieur Jacques Cattin, le ministère que j'occupe est probablement l'une des pires passoires thermiques de Paris, ce qui est un comble. Ce matin, le Gouvernement a présenté un grand plan d'investissement qui a fixé comme priorité les bâtiments publics. Quelque 210 millions de mètres carrés de bâtiments publics de l'État et des collectivités locales sont ainsi concernés. Quand on demande aux autres de faire un effort, il faut commencer par le faire à soi-même.

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