Intervention de Sylvie Tolmont

Réunion du mercredi 24 octobre 2018 à 16h15
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSylvie Tolmont :

Aux yeux du groupe Socialistes et apparentés, le budget de la mission « Médias, livres et industries culturelles » et du compte de concours financiers « Avances à l'audiovisuel public » soulève de profondes inquiétudes. Pour la deuxième année consécutive, les crédits de l'audiovisuel public sont amputés, de 36 millions d'euros cette fois. Pire encore, cette baisse s'inscrit dans une logique d'économie de 190 millions d'euros à trouver dans les coopérations entre les différents médias publics d'ici à 2022. Ainsi, vous persistez et signez dans l'austérité budgétaire. Et le Gouvernement semble naviguer à vue sur la réforme de l'audiovisuel public, déjà repoussée en 2019. Pour l'heure, cette réforme se résume à de fortes coupes budgétaires sans cap ni vision stratégique.

Or l'enjeu est majeur, et ce pour quatre raisons. D'abord, l'audiovisuel public est un facteur de cohésion sociale, culturelle, territoriale et citoyenne. En 2016, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) estimait que 94 % des foyers étaient équipés d'un téléviseur. Ce taux commence à baisser légèrement au profit de smartphones ou de tablettes, mais l'audiovisuel public continue d'irriguer tous nos territoires. En cela, il répond à l'une des priorités exprimées par votre prédécesseure, à savoir l'équité territoriale pour l'accès à la culture. Ensuite, l'audiovisuel public assure le pluralisme d'expression, une diversité de l'offre culturelle, une sensibilisation aux discriminations à la santé. C'est aussi un enjeu majeur car radio et télévision contribuent largement à la promotion de la francophonie. Le Gouvernement se dit prêt à investir plus de 150 millions d'euros pour la rénovation du château de Villers-Cotterêts, futur laboratoire de la francophonie. Pourquoi alors imposer l'austérité budgétaire à un secteur qui fait rayonner la langue et la culture française dans le monde ? Enfin, l'audiovisuel public ne compte pas moins de 18 000 salariés. Ils sont inquiets pour leur avenir. Si nous partageons le diagnostic que la forte concurrence internationale, notamment de Netflix, YouTube ou Amazon, doit déclencher une réflexion sur la pertinence du modèle actuel, nous sommes aussi très préoccupés du devenir de ces salariés si certaines chaînes cessent d'être diffusées.

Ainsi les citoyens ultramarins éprouvent souvent un sentiment d'abandon. Supprimer la chaîne France Ô, comme le Gouvernement va le faire en 2019, témoigne d'une forme de mépris à l'égard des outre-mer et contredit l'ambition d'équité territoriale que vous prétendez porter. Je rappelle que dans le cadre de la commission de concertation sur la réforme de l'audiovisuel public, garantir la visibilité des outre-mer était affiché comme prioritaire. La chaîne France 4 va devenir 100 % numérique alors qu'elle avait pour particularité de s'adresser à un public particulièrement jeune, dont on disait aussi qu'il était prioritaire.

Enfin, les auteurs ne doivent pas être les victimes collatérales des coupes budgétaires annoncées par le service public. Nous insistons pour que France Télévisions et le Gouvernement veillent à ce que les rémunérations versées aux auteurs soient maintenues. Monsieur le ministre, lorsque vous étiez membre de cette commission, vous affirmiez que « manifestement suite aux coupes répétées du budget de la culture depuis 2012, c'est à présent Bercy qui prend les décisions en ce qui concerne l'audiovisuel public ». Aujourd'hui à la tête d'un ministère de la Culture particulièrement affaibli, comment comptez-vous reprendre la main, quelle voie de réforme entendez-vous prendre, quelle suite donnerez-vous aux préconisations du récent rapport pour une nouvelle régulation de l'audiovisuel à l'ère numérique ?

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