Intervention de Elsa Faucillon

Séance en hémicycle du mercredi 31 octobre 2018 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2019 — Culture

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaElsa Faucillon :

… au motif de lutter contre les fausses informations. Vous ne pouvez pas, de l'autre main, asphyxier le service public de l'audiovisuel ! L'exigence de réponses fortes et immédiates de la télévision publique ne peut pas se penser avec des moyens humains réduits. N'oublions pas le rôle citoyen des chaînes du service public, qui présentent des programmes riches et variés : je pense à Cash investigation ou à la série documentaire diffusée très récemment Histoires d'une nation. Ces chaînes ont besoin de développer d'autres programmes, de s'adapter aux nouveaux usages et de les devancer. Pour cela, elles ont besoin d'investissements.

La télévision publique exige un autre budget, une autre ambition. Le contrat d'objectifs et de moyens doit être complété par une dotation spéciale pour répondre aux multiples défis du numérique que France Télévisions devra relever – et auxquels, j'en suis sûre, les salariés aspirent à se confronter.

Des ressources additionnelles sont possibles, au-delà de l'élargissement de l'assiette de taxation de la redevance. Elles pourraient provenir, par exemple, de la détention des droits des programmes que France Télévisions finance très majoritairement. Nous assistons à une asphyxie de France Télévisions. Nous vous alertons, monsieur le ministre, sur le fait qu'il n'y a pas de démocratie sans citoyens éclairés, et pas de citoyens éclairés sans un service public de l'audiovisuel digne de ce nom. Pour relever ces défis, ce dernier a besoin de moyens financiers et humains, ainsi que d'idées.

Je soulève pour finir, de façon malheureusement trop succincte, le sujet des aides à la presse, qui me tient particulièrement à coeur. Pour illustrer mon propos, j'évoquerai l'affaire Mondadori France, du nom de cette entreprise, rentable, qui s'apprête à se faire racheter par Reworld Media. Cette opération risque d'entraîner la suppression de 700 CDI et de centaines d'emplois de pigistes. Reworld Media n'est pas un véritable éditeur de presse, car son objectif est de transformer les lecteurs en contacts pour les annonceurs, en priorité sur les supports numériques : autant dire que la qualité éditoriale et la rigueur de l'information ne sont pas ses objectifs premiers. Nous considérons qu'un groupe de ce type ne doit pas jouir des avantages dont bénéficient les éditeurs de presse, comme la TVA à taux réduit ou les tarifs postaux, pour leurs missions d'information, d'alimentation du débat public, de diffusion des connaissances. Il faut d'urgence réformer les aides à la presse, pour qu'elles soient plus transparentes, plus égalitaires et non discriminatoires.

Pour ces raisons, et toutes celles que je n'ai pas pu évoquer, nous voterons contre ce projet de budget.

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