Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du lundi 5 novembre 2018 à 16h00
Projet de loi de finances pour 2019 — Écologie développement et mobilité durables

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot, rapporteure pour avis de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire :

En même temps, vous ouvrez à la concurrence tous les secteurs clés que nous revendiquons comme biens communs, nécessaires à la transition écologique, notamment dans le domaine du transport : je pense bien entendu à la SNCF. L'ouverture à la concurrence a toujours été catastrophique dans ce secteur. Rappelez-vous ce qu'il en fut pour le fret après 2006 : les tonnes transportées par kilomètre ont été divisées par deux en quatre ans ! L'année dernière, les émissions de gaz à effet de serre ont progressé de 3 %, alors qu'il aurait fallu atteindre 5 % pour suivre l'accord de Paris. Voilà à quel résultat concret conduisent vos manuels d'économie archaïques, déconnectés du plus grand enjeu de notre époque, l'enjeu écologique.

L'incohérence de votre politique en matière de transport ne s'arrête pas là. J'en veux pour autre preuve les ouvrages d'art, que vous laisserez en piteux état alors que les sociétés d'autoroutes se « gavent ». On sait déjà que, sur les 12 000 ponts non concédés du réseau, 4 000 nécessitent des réparations. Une première liste partielle des réparations envisagées a ainsi été rendue publique fin septembre, mais elle ne concerne que 164 ouvrages. Où est l'État ? Où sont les concessionnaires ? Quand il s'agissait de financer, via des partenariats public-privé, de grands chantiers inutiles, comme le grand contournement autoroutier de Strasbourg, il y avait pourtant du monde ! Selon un rapport de 2016, les bénéfices des entreprises autoroutières ont augmenté de 25 %, et les dividendes versés aux actionnaires, de 41 %. Cependant, quand il s'agit d'entretenir nos routes, les sociétés privées autoroutières deviennent bien plus avares.

En outre, les fonds alloués au rail sont réservés aux lignes à grande vitesse, quand, simultanément, vous fermez les petites gares. Vous sacrifiez les populations des campagnes au nom de l'attractivité des grandes villes, avant de taxer leur essence pour les punir d'habiter là où vous les avez privées de transport en commun.

La concurrence n'est cependant pas tout : vous privatisez aussi le patrimoine ferroviaire. À Paris, la gare du Nord et une partie de ses bénéfices sont confiées au groupe Auchan ! Faut-il, dans ce pays, être une famille de fraudeurs fiscaux patentés pour recevoir quelque chose de l'État ? Faites payer ceux qui doivent payer, plutôt que de faire les poches à nos concitoyens !

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