Intervention de Véronique Louwagie

Séance en hémicycle du lundi 12 novembre 2018 à 16h00
Projet de loi de finances rectificative pour 2018 — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVéronique Louwagie :

… ou encore de la détérioration spectaculaire de notre déficit commercial, les indicateurs sont unanimes pour témoigner de l'échec sans appel de la politique économique choisie par le Gouvernement. Après un premier budget responsable d'une dégradation de 4,5 milliards d'euros du pouvoir d'achat des Français, le Président de la République aurait dû tirer la sonnette d'alarme. Pourtant, comme paralysé devant l'urgence de la situation, le Gouvernement a persévéré dans une politique budgétaire mortifère.

Le déclin de la croissance économique de notre pays est l'un des indicateurs les plus frappants de cette inexorable déroute. Dans son avis du 19 septembre dernier sur le PLF pour 2019, le Haut conseil des finances publiques avait jugé crédible la prévision de croissance du PIB en volume de 1,7 % avancée par le Gouvernement. À l'époque, ce chiffre témoignait déjà d'un ralentissement considérable : 0,6 point de moins que les 2,3 % de croissance enregistrés pour l'année 2017. Or, dans son avis du 31 octobre sur le projet de loi de finances rectificative, à quelques semaines d'intervalle donc, le Haut conseil a revu cette prévision à la baisse : au vu des informations les plus récentes, notamment des comptes nationaux du troisième trimestre publiés par l'INSEE, cet organisme indépendant estime désormais qu'une croissance de 1,6 % est plus vraisemblable. Alors que la Commission européenne prévoit une croissance moyenne de 2,1 % pour la zone euro, comment ne pas s'inquiéter de ce redoutable décrochage économique de la France par rapport à ses voisins ?

En ce qui concerne le déficit structurel, le constat est tout aussi alarmant : selon le Haut conseil des finances publiques, après avoir été négatif en 2017, l'effort structurel de la France sera pratiquement nul en 2018, alors même que la route à parcourir afin de respecter l'objectif de moyen terme est importante. Ainsi, l'effort structurel ne dépassera pas 0,1 point du PIB en 2018 et 0,3 en 2019, très loin de l'effort minimum de 0,5 point exigé par Bruxelles. Cette incapacité du Gouvernement à se serrer la ceinture en réalisant des coupes drastiques dans la dépense publique explique la flambée d'un déficit structurel qui devrait atteindre 2,6 % en 2018 et 2,8 % en 2019. Nous sommes toujours aussi proches des 3 %, et c'est la première fois que le déficit augmentera depuis près de vingt ans. L'année prochaine, l'impéritie budgétaire du Gouvernement creusera le déficit de l'État français de 13 milliards d'euros, portant celui-ci au chiffre record de 98,7 milliards.

Pourtant, faisant fi des évidences, le Gouvernement continue de dilapider l'argent des Français, au nom d'une politique démagogique et déraisonnable. Avec un endettement public culminant à 98,6 % du PIB en 2019, les deux ans et demi de la présidence d'Emmanuel Macron marqueront une augmentation en flèche, de 175 milliards d'euros, de la dette publique. Inlassablement, la dépense publique continue de progresser : après une hausse de 20 milliards en 2018, elle augmentera, le président de la commission des finances le rappelait, d'environ 25 milliards en 2019, c'est-à-dire de 0,6 % en volume et de 1,9 % en valeur. Or, si l'on veut sortir la France de l'ornière, c'est un effort de réduction de 20 milliards d'euros des dépenses publiques qui devrait s'imposer à nous tous. Mais le gouvernement n'a toujours pas présenté le moindre plan d'économies détaillé !

Malheureusement, l'échec de la croissance et l'incurie gouvernementale ne sont pas les seules zones d'ombre qui entachent le début de ce quinquennat. En effet, alors que le Premier ministre vient de rendre hommage aux soldats tombés au champ d'honneur lors de la Grande Guerre, il prépare un très sale coup à l'encontre de l'armée dans le cadre de ce projet de loi de finances rectificative.

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