Intervention de Mounir Mahjoubi

Réunion du mercredi 27 septembre 2017 à 16h25
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Mounir Mahjoubi, secrétaire d'état chargé du numérique :

Il y a aujourd'hui de très nombreux postes non pourvus dans tous les domaines du numérique partout en Europe et à tous les niveaux – qu'il s'agisse des bac+1 ou +2, des ingénieurs ou des chercheurs avancés. Le sujet doit être traité partout et nous le ferons selon plusieurs axes de travail.

Le premier consiste à introduire plus de numérique dans les formations professionnelles et professionnalisantes. Jusqu'à une époque très récente, de très nombreux BTS, notamment commerciaux, ne comportaient aucune évaluation ou formation au numérique. On pouvait ainsi avoir des bac+2 en commerce, qui vont dans toutes nos PME, non formés au e-commerce, à vendre ou à faire des démarches commerciales en ligne : alors qu'ils sont jeunes, ils ne peuvent pas apporter toute cette force aux entreprises.

Deuxième axe, il faut réaliser davantage de formations spécifiques aux métiers du numérique : du côté des bac+5, nos ingénieurs font partie des meilleurs, mais il faut en former davantage et réussir à les conserver en France ; il faut aussi réfléchir à d'autres formations qui pourraient être intéressantes. Il y a d'une part un besoin urgent en matière de numérique, d'autre part, une obsolescence très rapide quand on est expert – cela m'est arrivé et c'est d'ailleurs un état très agréable, car cela oblige à se réinventer sans cesse. C'est pourquoi je crois beaucoup aux formations, notamment au sein de la Grande école du numérique, initiative lancée par le précédent gouvernement et que je continue à beaucoup soutenir. Cette école certifie des formations qui ont toutes une forme assez différente, ce qui implique de créer un peu plus d'unité – nous en avons parlé lors du dernier conseil d'orientation –, qui sont ouvertes à tous, sans discrimination en fonction des parcours, et qui reposent sur l'envie des personnes. On se forme ainsi, pendant une durée comprise entre quatre mois et deux ans, à un métier du numérique pour lequel des emplois sont directement disponibles dans le bassin d'emploi local.

À cela s'ajoute la question de la formation professionnelle dans le public et le privé. Il y a un engagement majeur du Gouvernement en faveur d'un véritable choc de compétences dans le cadre du grand plan d'investissement, avec près de 15 milliards d'euros. Aucun Français ne doit se trouver dans une situation où il n'aurait pas la possibilité de mettre ses compétences au niveau et de trouver un emploi. Une partie de ce choc de compétences, et même une grande partie, je l'espère, sera consacrée au numérique, à la fois sur des compétences complètes pour des métiers du numérique – certains métiers se réinventent profondément, comme la banque, ce qui signifie qu'on les exercera demain d'une manière radicalement différente – et sur des compétences numériques généralistes – autrement dit, comment avoir le minimum de base pour survivre dans le monde numérique. Certaines personnes, notamment entre 45 et 65 ans, ont pu faire toute la première partie de leur carrière sans avoir de formation spécifique au numérique : elles ont dû le subir dans la pratique et elles ont facilement pu passer à côté si elles n'ont pas eu un enfant jeune chez elles au cours des dix dernières années. Alors que leurs collègues peuvent être très agiles avec le numérique, elles le sont moins, ce qui constitue un véritable handicap au quotidien.

Nous en parlons très fréquemment avec Muriel Pénicaud : nous voulons être capables de traiter vraiment ces deux sujets – le passage vers des métiers du numérique et, surtout, le minimum numérique qu'il est essentiel d'avoir.

Sur les données personnelles des élèves, je rappelle que le courrier cité date de la dernière campagne électorale. Il me semble qu'il aurait fallu un débat avant une déclaration publique. Avec le ministre de l'Éducation nationale, nous avons évidemment identifié ce sujet : nous avons été saisis par de nombreuses associations de parents d'élèves et nous allons avancer dans les prochaines semaines. La confiance dans les outils numériques est importante. Le but n'est pas qu'il y ait moins de numérique à l'école, moins d'échange de données ou moins d'utilisation des données personnelles, mais que ce soit fait dans le cadre d'une confiance absolue. Quand on met des outils numériques à disposition au sein de l'école, la seule question intéressante concerne les garanties sur le traitement des données, leur valorisation et leur hébergement. Si l'on peut répondre à toutes ces questions, alors allons-y !

N'oublions pas non plus que si l'on se pose cette question sur les grandes plateformes, c'est que tous les Français les utilisent et qu'elles rendent un service formidable. Personne ne le fait gratuitement aujourd'hui. Il ne s'agit pas d'interdire ou de ralentir, mais de vivre mieux avec ces acteurs et de voir comment ça peut se passer dans un cadre de responsabilité, sans subir. Vous ne seriez pas très populaires si vous disiez aux Français que vous voulez arrêter toutes ces plateformes, car nous sommes tous dessus, y compris durant cette réunion – je reçois des notifications alors que nous sommes en train d'échanger… Il faut trouver une façon intelligente de vivre ensemble, à la fois sur les questions fiscales et sur les données personnelles.

S'agissant de l'agence de l'innovation, je laisserai la primeur au Président de la République, si vous me le permettez. Il va continuer à développer ce sujet dans les prochaines semaines, car c'est essentiel. Les innovations de rupture ont une caractéristique : elles nécessitent d'investir beaucoup dès maintenant. Le retour sur investissement est impossible à définir, mais on sait que l'on va perdre sans ces innovations. La question est de savoir comment concentrer les financements nécessaires au niveau européen et ainsi rester toujours au bon niveau.

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