Intervention de Anouar Kbibech

Réunion du mardi 30 octobre 2018 à 17h15
Mission d'information sur la révision de la loi relative à la bioéthique

Anouar Kbibech, vice-président du Conseil français du culte musulman :

Je vous remercie car, à parler le dernier, on est souvent obligé de constater que tout a déjà été dit ! (Sourires.)

Je partage, bien sûr, ce qu'a avancé François Clavairoly sur la fonction des religions qui n'est pas d'imposer, mais d'interpeller. Je dirais même qu'il nous faut partager avec tous le fruit de nos réflexions car je crois que les religions peuvent non seulement avoir une fonction de « poil à gratter » mais encore être une force de proposition.

Je souscris aussi entièrement à ce que vous avez dit, monsieur le rapporteur, sur la tolérance à l'égard des choix différents des nôtres. Le culte musulman l'a prouvé, par exemple lors du débat sur le port des signes religieux dans les lycées. Le CFCM avait déclaré qu'il n'était pas favorable à cette interdiction et, durant la période qui a précédé le vote de la loi, nous avons effectué de nombreuses démarches auprès des membres du gouvernement et des députés de nos circonscriptions pour faire connaître notre opinion. Mais une fois que la loi a été votée, nous avons appelé l'ensemble des citoyens français et des citoyennes françaises de confession musulmane à s'y conformer. Donc ce n'est pas parce que nous débattons d'un sujet que, comme certains veulent le faire croire, nous considérons que la charia soit au-dessus de l'ordre public. Je remarquerai d'ailleurs que des politiques – et même des députés –critiquent la réforme des trente-cinq heures, qui est votée depuis des années, sans que personne les accuse d'être anticonstitutionnels ou antirépublicains !

C'est pourquoi je souhaite à mon tour vous poser la question suivante : les députés et les membres du Gouvernement peuvent-ils entendre le point de vue parfois différent qu'expriment les religions sans les soupçonner de ne pas adhérer aux valeurs de la République ? Lors de la Conférence des responsables de cultes en France qui s'est tenue au moment de la loi sur le mariage pour tous, les religions ont dit que leur conception du mariage liait un homme et une femme, mais que les lois de la République devaient être respectées bien qu'elles n'entérinent pas cette conception. Nous ne saurions donc être taxés, par exemple, d'homophobie.

Enfin, nous respectons le désir d'avoir un enfant. Comme je l'ai dit, le culte musulman n'est pas opposé au progrès scientifique. Les méthodes de contraception et l'interruption volontaire de grossesse, sous certaines conditions pour cette dernière, sont autorisées par la religion musulmane. Pour autant, la fin ne justifie pas les moyens et le désir d'enfant ne doit pas autoriser à ignorer les droits que l'enfant a lui aussi et qu'il faut garantir.

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