Intervention de François Clavairoly

Réunion du mardi 30 octobre 2018 à 17h15
Mission d'information sur la révision de la loi relative à la bioéthique

François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France :

Nous allons finir par avoir faim ! (Sourires)

Ricoeur disait : « croire, c'est penser ». La religion n'est pas du côté de l'obscurantisme mais bien de la ratio, de la raison. Lever les bras au ciel ou chanter des cantiques ne fait pas de vous un écervelé, car il y a un impératif de la pensée dans l'ordre du croire. Je vais citer Benoît XVI qui a évoqué la triade de la ratio, de la fides et de la caritas : être croyant, c'est faire siens ces trois principes. J'ajouterai qu'au coeur de la culture, on trouve le culte, qui en est inséparable. Des États comme l'Albanie, le Cambodge, la Russie soviétique ou l'Allemagne nazie, qui ont essayé de se passer des cultes, n'ont pas été des modèles de liberté, d'égalité et de fraternité. La laïcité est la capacité à s'entendre sans renoncer à exprimer sa position mais en mettant au contraire en débat le dissensus.

Concernant la question des origines, je dirai qu'il est en effet important que les enfants connaissent leurs origines. La levée de l'anonymat des donneurs de gamètes est une nécessité, mais elle devra être encadrée juridiquement.

Comment accompagner les enfants mais aussi les parents si la PMA était ouverte aux femmes seules et aux couples de femmes ? Un processus d'accompagnement du même type que celui qui existe pour les adoptions pourrait être mis en place. Car adopter un enfant, ce n'est pas seulement aller le chercher à Madagascar, au Vietnam ou ailleurs ! Je crois qu'il faut en effet accompagner dans sa vulnérabilité et sa fragilité la personne seule qui va avoir un enfant par la PMA, et j'ai été très touché que vous évoquiez les difficultés que rencontrent ces femmes en parlant de votre cas. Le fait que nous ne soyons pas très nombreux dans cette salle mais que la question de l'ouverture de la PMA se pose pour nous montre bien que ces réflexions ne sont pas théoriques mais qu'elles touchent le réel de la société à construire. Les religions ont un rôle à jouer dans l'accompagnement des personnes fragiles, si celles-ci en font la demande. Le travail d'aumônerie et de réconfort qui est le nôtre contribue aussi à façonner la vie en société.

Je sais qu'il est risqué de parler ici du Sénat (Sourires) mais je profite néanmoins de cette table ronde pour vous indiquer qu'aura lieu le 4 décembre prochain au palais du Luxembourg un colloque sur les religions et les droits de l'homme à l'occasion du soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Vous serez conviés à ce colloque, organisé à l'initiative de la Conférence des responsables des cultes, qui montrera que, loin de se tenir en surplomb des lois, les religions sont en quelque sorte à l'origine de celles-ci. Nous y entendrons notamment une communication de Mme Valentine Zuber.

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