Intervention de Jean-Louis Bourlanges

Séance en hémicycle du mardi 10 octobre 2017 à 15h00
Déclaration du gouvernement suivie d'un débat sur l'avenir de l'union européenne

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Louis Bourlanges :

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la ministre, mes chers collègues, on peut difficilement le contester, je crois : il y a un moment Europe et, au coeur de ce moment, il y a un moment Macron en Europe.

La première question qui se pose à nous, au Gouvernement comme au Parlement, est : « De quoi ce moment est-il fait ? » Si nous n'y répondons pas clairement, nous serons incapables d'organiser, sur des bases sérieuses, une relance cohérente de l'Union européenne. Ce que nous vivons, selon moi, c'est à la fois l'épuisement d'un cycle, la renaissance d'une menace et la découverte d'un inéluctable.

L'épuisement d'un cycle, d'abord. Aujourd'hui s'achève une période de vingt années d'enlisement de la construction européenne, caractérisée, au milieu des années 1990, par la relève des eurofervents par les eurotièdes, le démantèlement, à Nice, du système communautaire, la fuite en avant en direction de la Turquie et le refus suicidaire de prolonger l'Europe monétaire par une politique économique commune. Ajoutons à cela l'étalement de nos divisions dans l'affaire irakienne.

Ce cycle mortifère a marqué le pas il y a deux ans, quand le Premier ministre Tsipras a compris et fait comprendre au peuple grec que son avenir était en Europe et que rien ne serait pire pour son pays que de sortir de l'euro. Aujourd'hui, l'Europe continue d'agacer, mais l'anti-Europe a cessé de séduire. Depuis lors, de Vienne à Madrid, de La Haye à Paris, et même – preuve par l'absurde de l'introuvable alternative – de Londres à Washington, le cycle de l'enlisement se retourne progressivement.

Ce retournement procède largement – vous y avez fait allusion, monsieur le ministre – d'une prise de conscience de plus en plus vive d'un retour massif et multiforme de la menace, que celle-ci soit traditionnelle, avec les menées russes en Ukraine et dans les États baltes, ou nouvelle, avec la déstabilisation du Moyen-Orient, les bouleversements migratoires, le terrorisme islamiste et, couronnant le tout, l'incertitude du comportement américain, sans parler, bien entendu, de l'intensification de la compétition économique et commerciale mondiale.

Il y a, enfin, la découverte progressive d'un inéluctable. Nos concitoyens n'aiment pas l'Europe incertaine, velléitaire et impuissante à laquelle nous ont condamnés pendant vingt ans des dirigeants eurosceptiques ou eurotièdes, cyniques et court-termistes. Ils savent toutefois désormais, au plus profond d'eux-mêmes, que la survie de leur modèle de société, la défense de leurs intérêts et de leurs valeurs passent par la construction d'une Europe libre, forte et unie. Si nous voulons vivre à notre guise, tels que la géographie, l'histoire et la politique nous ont façonnés, l'Europe est, non pas une option mais, chacun le sent bien, une figure imposée – imposée par ce que nous sommes à ce que nous voulons.

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