Intervention de Alexis Corbière

Séance en hémicycle du lundi 3 décembre 2018 à 16h00
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2019 — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexis Corbière :

C'est pourquoi, je voudrais symboliquement donner la parole aux membres des gilets jaunes de mon département, et lire au moins partiellement la lettre qu'ils adressent au Gouvernement et au Premier ministre. Je la lis, en ne cherchant pas à m'autoproclamer leur porte-parole, ni leur représentant, ni leur dirigeant d'une quelconque manière, mais tout simplement comme un député qui veut leur donner la parole, et qui souhaite faire entendre dans cet hémicycle la voix des gilets jaunes de la Seine-Saint-Denis, de Montreuil et de Bagnolet.

Ils disent : « Nous sommes les Gilets jaunes de la Seine Saint-Denis. [… ] Nous sommes ceux et celles qui ont été nommés les "sans-dents", les "fainéants", les "riens", les "Gaulois réfractaires"… et bien d'autres noms d'oiseaux. Nous sommes de ceux qui se sentent méprisés par une caste qui a plus d'argent que plusieurs générations ne pourront épuiser, qui ignore ce qui fait notre quotidien, le prix d'une baguette, d'un ticket de métro, du forfait téléphonique de base, d'un loyer… » et j'oserai ajouter : le montant du SMIC.

« Nous sommes les parents inquiets pour l'avenir de leurs enfants. Nous sommes les salariés pauvres et les sans-emploi, les artisans, auto-entrepreneurs, petits patrons dans les mains des banques, les infirmières, enseignants… tous les fonctionnaires n'ayant plus les moyens d'accomplir leurs missions de service public, les étudiants soumis à la sélection, les handicapés et leurs aidants qui supportent mal votre loi ELAN, les retraités que vous venez de ponctionner, les jeunes en quête de leur propre réalisation professionnelle et personnelle… [… ] Nous sommes soutenus – disent les sondages – par 84 % de nos concitoyens. Ensemble, nous sommes la France en colère. [… ]

« Vous ne nous culpabiliserez pas avec l'avenir de la planète. D'abord, parce que c'est nous qui souffrons les premiers de la catastrophe écologique, par exemple en mangeant des aliments de mauvaise qualité car nous n'avons pas les moyens de nous en offrir d'autres. Ensuite, parce que les 4 milliards que vous voulez nous prélever, dans nos réservoirs, le 1er janvier, sont juste l'équivalent de la suppression de l'ISF, beau cadeau pour vos riches amis. Enfin, parce que votre politique accentue la crise écologique, avec par exemple la suppression de lignes de train remplacées par des bus, les privilèges donnés à l'agriculture intensive et non respectueuse des lois de la nature et des animaux... [… ]

« Vous ne nous culpabiliserez pas avec les actes de destruction commis en même temps que nos manifestations. Bien entendu, nous désapprouvons cette violence et ces actes de vandalisme… »

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