Intervention de Olivier Becht

Réunion du mardi 15 janvier 2019 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOlivier Becht, rapporteur :

D'une telle doctrine découle une programmation capacitaire. À nos yeux, la priorité « numéro un » tient évidemment à la surveillance de l'espace. Il s'agit de savoir à tout moment quels moyens sont déployés dans l'espace, où ils vont, à qui ils appartiennent et ce qu'ils font.

Il faut pour cela des moyens. La France est l'un des premiers pays à s'en être dotés, grâce à l'ONERA. Il s'agit du radar GRAVES, qui nous offre déjà une bonne vision de l'espace mais celle-ci devient insuffisante pour détecter les satellites miniatures, tels les cubesats, dont la détection devient un enjeu important. Nous proposons donc de renouveler cette capacité et d'en assurer la résilience par une organisation redondante, en installant non seulement un nouveau système GRAVES en métropole amis aussi un autre en Guyane, afin d'étendre la couverture géographique du système d'observation des orbites basses.

En ce qui concerne les orbites géostationnaires, il faut là aussi étendre la couverture des orbites par nos moyens d'observation. Ces moyens reposent sur un réseau de télescopes aujourd'hui basés notamment en métropole, à La Réunion et au Chili, qui ne couvrent aujourd'hui que 70 % des orbites géostationnaires. Il faut donc investir dans deux ou trois nouveaux télescopes et en installer dans nos territoires du Pacifique. Cela n'aurait pas un coût exorbitant, car un télescope ne coûte que 300 000 euros environ. Un investissement supplémentaire de quelques millions d'euros permettrait en outre d'améliorer les capacités de détection en exploitant des technologies spectrales, ce qui nous paraît également indispensable.

En matière de surveillance de l'espace, il serait également intéressant de poursuivre le développement d'un système d'alerte avancée entamé avec les démonstrateurs Spirale mais interrompu. Une telle capacité doit permettre de détecter les départs de missiles balistiques afin de les abattre en vol avant qu'ils atteignent leurs cibles. Les acquis du programme Spirale peuvent utilement être mis à profit.

À nos yeux, ces enjeux de souveraineté sont tels, que la France doit ‒ je dis bien : doit ‒ conserver une capacité autonome, quitte à en fournir le service aux Européens à titre de contribution française à un réseau européen de surveillance de l'espace.

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