Intervention de Olivier Becht

Réunion du mardi 15 janvier 2019 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOlivier Becht, co-rapporteur :

Monsieur Fiévet nous a interrogés sur la réutilisation des lanceurs. Comme je l'indiquais en introduction, nous, Européens, avons effectivement fait le choix, durant les années 2000, de ne pas croire en une possible réutilisation des lanceurs. Aujourd'hui, SpaceX a démontré que cela était possible. Néanmoins, je note que cette entreprise n'a réussi cette opération qu'une fois ; restera donc à prouver que le modèle économique qu'elle a bâti – c'est-à-dire au moins six réutilisations du même lanceur – est bien viable. Or les Européens travaillent depuis 2014 sur la réutilisation des lanceurs, notamment au travers du projet de moteur Prometheus, qui pourrait, à terme, équiper Ariane Next. Or, la question est bien de savoir ce que l'on fait en attendant que celle-ci soit opérationnelle. Nous avons considéré que le choix de construire Ariane 6 était un bon choix, et que nous n'en avions pas d'autre nous permettant, à court terme, de conserver nos capacités de lancement de manière réaliste et viable. Permettez-moi d'évoquer un point qui me paraît important pour consolider les choix d'Ariane Group : les constellations de satellites, dont l'on entend de plus en plus parler. Autrement dit, la taille des satellites diminue mais, pour couvrir l'entièreté de la surface du globe, il faut en lancer de plus en plus. C'est ce qui explique que les prévisions selon lesquelles le nombre de satellites actifs en orbite passerait de 1 500 à 8 000 satellites d'ici la fin de la prochaine décennie. Avec des lancements de plus en plus nombreux, le modèle d'un lanceur lourd – de type Ariane 6 – pouvant emporter plusieurs dizaines de ces petits satellites en même temps, deviendrait de nouveau compétitif. Une nouvelle fois, bien que chacun puisse comparer les choix qui ont été faits à ce qu'il se passe aux États-Unis, il n'y a pas lieu, d'après nous, de les remettre en question. Ils sont faits et, s'il faut travailler sur la prochaine génération de lanceurs, nous avons actuellement toute confiance dans le modèle d'Ariane 6. Je tiens également à souligner, car à mon sens il importe de le faire, que l'avenir dépendra aussi de l'attitude des acteurs institutionnels et non institutionnels européens, et de leur choix de faire appel aux lanceurs européens. Ne nous voilons pas la face, le modèle de Space X repose sur le fait que la préférence nationale entre en jeu et que les autorités américaines garantissent à Space X un grand nombre de lancements, pour des montants représentant des milliards de dollars !

Qu'en est-il en Europe ? Jouerons-nous tous le jeu de la préférence européenne ? On peut le penser pour les acteurs institutionnels, quoique certains pays mettent en concurrence Ariane avec des lanceurs étrangers. Si nous voulons que l'industrie européenne soit pleinement compétitive, il nous faut oeuvrer en faveur d'une sorte de Buy European Act, à l'instar de ce qu'il existe outre-Atlantique. Il s'agit de l'un des enjeux de la compétitivité de notre modèle.

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