Intervention de Jean-Michel Blanquer

Séance en hémicycle du lundi 11 février 2019 à 16h00
Pour une école de la confiance — Présentation

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse :

Que fut la République pour les Français à la fin du XIXe siècle, sinon cette école qui apportait avec elle non seulement un certain confort matériel, mais aussi, et surtout, le progrès moral et intellectuel ? Aujourd'hui, nos horizons s'étendent au monde et chacun sent la nécessité, pour nos élèves, de bien maîtriser les langues étrangères afin de bénéficier des immenses opportunités culturelles et professionnelles qu'offre la multiplication des échanges en Europe et dans le monde. Cela vaut pour la formation de nos professeurs, car nous veillerons à ce que le plus grand nombre possible d'entre eux puissent effectuer des séjours à l'étranger au cours de leur formation, mais cela vaut aussi pour nos élèves et contribuera au rayonnement de la France dans le concert des nations et à sa capacité à attirer les meilleurs talents.

Dans la perspective tracée par le Président de la République dans le discours qu'il a prononcé à la Sorbonne le 26 septembre 2017, nous voulons faire preuve d'un volontarisme sans faille pour développer l'enseignement des langues étrangères et, dès le plus jeune âge, sensibiliser les élèves à leur première langue étrangère.

Aujourd'hui, l'enseignement international est souvent réservé aux familles favorisées, qui scolarisent leurs enfants dans des écoles privées et coûteuses. Avec la création d'établissements publics locaux d'enseignement international, je vous propose de donner au service public d'éducation une plus forte dimension internationale et de créer des locomotives pour l'ensemble du système scolaire, car c'est l'ensemble de nos écoles et de nos établissements qui progresseront ainsi en matière d'enseignement des langues étrangères. Ces pôles permettront à des élèves venus de tous les milieux et de tous les horizons de bénéficier de cette dynamique et de s'ouvrir encore davantage sur l'Europe et sur le monde. Nous aurons assemblé deux vertus : l'ouverture internationale et la mixité sociale. L'école de la République pourra ainsi rester fidèle à sa mission de donner le meilleur et le plus actuel à chacun de ses enfants. Je sais que nous y serons tous particulièrement attentifs.

L'école de la République est la maison commune de toute la jeunesse de France. À ce titre, elle doit apporter à tous les élèves, où qu'ils se trouvent sur le territoire, dans l'hexagone comme outre-mer, la même chance de réussir et la même envie de saisir cette chance. En cela, le texte que nous examinons est résolument un texte de confiance dans les territoires – en leur capacité à innover, à expérimenter et à s'organiser selon des contraintes qui peuvent varier d'un endroit à l'autre tout en respectant le cadre national. Ces petites patries qui font la grande, c'est l'histoire de l'école française.

Il revient donc à l'État d'assurer l'équité entre les territoires en donnant plus à ceux qui en ont besoin. Nous le faisons dès maintenant pour l'éducation prioritaire et pour l'école rurale, mais aussi pour les territoires ultramarins. J'en veux pour illustration la création, par ce projet de loi, d'un rectorat de plein exercice à Mayotte, qui a tant besoin du soutien de la communauté nationale. Cette politique d'équité s'adresse particulièrement aux territoires les plus fragiles.

Mais ce qui vaut pour les territoires vaut aussi pour les élèves. Comme vous le savez, nous menons une réflexion sur l'évolution de l'éducation prioritaire, afin que celle-ci ne laisse échapper aucune difficulté, aucune fragilité. Nous la menons également à propos des élèves de 16 à 18 ans qui ont – le mot n'est peut-être pas le meilleur – « décroché » du système. C'est pourquoi, grâce aux discussions parlementaires et conformément à notre plan de lutte contre la pauvreté, l'obligation de formation de 16 à 18 ans sera également débattue dans le cadre de ce projet de loi.

Je conclurai en évoquant la personnalisation des parcours et l'une de ses illustrations les plus fortes. Nous devons en effet proposer à tous nos élèves un parcours plus personnalisé, afin de tenir compte des talents et des difficultés de chacun. C'est ce que nous faisons lorsque nous mettons en oeuvre le programme « devoirs faits » au collège, les parcours personnalisés destinés à intégrer les désirs et les particularités de chacun ou l'école inclusive qui vise à tenir compte des spécificités des élèves en situation de handicap.

Je tenais à terminer en évoquant ce point – qui, comme vous le savez, figure dans l'actualité de ce jour avec la conclusion de la vaste concertation menée ces derniers mois sur l'école inclusive – , afin de marquer le caractère essentiel qu'il revêt pour moi.

Beaucoup a été fait, mais le défi à relever reste immense, car il nous faut changer de regard sur la différence et réussir la transformation de nos organisations. Notre ambition est claire : faire que tous les enfants dont le handicap est diagnostiqué – on en dénombre 340 000 aujourd'hui dans notre système scolaire – soient pris en charge le plus rapidement et, surtout, le plus efficacement possible. Le levier proposé est inédit : faire véritablement émerger un grand service public du handicap à l'école, avec la création de 80 000 postes d'agents publics répartis au sein de différents pôles sur tout le territoire et qui, en toutes circonstances, sur le temps scolaire et périscolaire, accompagnent les enfants en situation de handicap.

Comme nous l'avons dit ce matin avec Sophie Cluzel, il s'agit de proposer aux enfants, chaque fois que cela se révèle nécessaire, un accompagnement et un véritable suivi, mais aussi de nous assurer une plus grande stabilité des personnels concernés et une meilleure formation des professeurs et des accompagnants, ainsi qu'une meilleure anticipation, grâce à la nouvelle carrière que nous ouvrons à ces 80 000 agents. C'est donc une nouvelle étape de l'école inclusive qui s'ouvrira à partir de la rentrée 2019. Là aussi, les débats parlementaires, dans le prolongement de nos échanges récents, doivent nous permettre d'inscrire dans la loi les dispositions nécessaires. J'insiste sur le fait que je suis venu vers vous, avec ce projet de loi, non pas avec quelque chose de définitivement établi, mais avec des dispositions prêtes à s'enrichir de différents apports.

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