Intervention de Sylvie Charrière

Séance en hémicycle du lundi 11 février 2019 à 16h00
Pour une école de la confiance — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSylvie Charrière :

Le projet de loi pour l'école de la confiance vise à renforcer deux principes fondamentaux de notre République : élever le niveau général de la jeunesse et garantir davantage de justice sociale. De nombreuses mesures remplissent déjà ces objectifs mais nous devons aller encore plus loin.

Renforcer l'égalité des chances passe par un accompagnement du jeune et de sa famille, de la naissance jusqu'à l'insertion. Il est primordial de construire un parcours éducatif cohérent et qualitatif avant, pendant et après l'école, en organisant, dans le respect des compétences de chacun, la complémentarité des temps éducatifs. Nous devons donc favoriser et renforcer l'engagement de toute la communauté éducative – État, collectivités locales, parents, associations périscolaires, travailleurs sociaux, écoles, collèges, lycées, CFA, ou centres de formation d'apprentis – et ainsi conduire une démarche coordonnée et collaborative, permettant la mise en réseau de tous les différents acteurs contribuant à la réussite du jeune. Le projet de cité éducative poursuit cette ambition. Sans être formellement cité dans le présent projet de loi, nombre des mesures qui nous seront soumises visent à ce qu'aucun enfant ne soit laissé au bord du chemin et qu'un continuum éducatif soit facilité.

Tout d'abord, l'article 2 concerne l'instruction obligatoire dès l'âge de 3 ans. Nous savons à quel point les écarts de niveau d'acquisition du langage à l'entrée au cours préparatoire peuvent avoir des conséquences néfastes pour la réussite scolaire des enfants. La scolarité à l'école maternelle est le moment où se préparent les apprentissages fondamentaux et les réussites futures. Rendre obligatoire l'instruction de tous les enfants dès 3 ans est donc une mesure de justice sociale.

Par ailleurs, un amendement adopté en commission des affaires culturelles et de l'éducation vise à garantir la réussite scolaire de tous. Afin d'assurer une continuité éducative entre le premier et le second degrés, de favoriser les échanges d'informations, de pratiques, de services, ce que les réseaux d'éducations prioritaires ont en partie permis, il est nécessaire de créer une structure légale : c'est l'ambition des établissements publics des savoirs fondamentaux. Donner l'opportunité, par exemple, de construire un projet d'établissement commun de la maternelle jusqu'à la troisième, doit rendre plus fluide certaines transitions, qui, on le sait, renforcent l'échec scolaire, comme la liaison entre les classes de CM2 et de sixième.

Autre mesure forte de justice sociale : la formation obligatoire jusqu'à 18 ans. Nous devons lutter contre les inégalités de destin et assurer à tous les jeunes l'acquisition de compétences facilitant leur insertion et leur épanouissement. Nous devons redonner des perspectives, des rêves à nos jeunes, prendre soin d'eux, ne pas se contenter de les ranger dans la colonne invisible – 20 000 jeunes décrocheurs, chaque année, ne sont pas accompagnés. Cette obligation de formation reposera à la fois sur le jeune, sa famille et les pouvoirs publics, qui devront proposer un accompagnement à tout jeune mineur en situation de décrochage.

Comme nous venons de le démontrer, ce texte permet de créer le cadre législatif approprié pour favoriser le continuum éducatif, cette porosité. Mais toutes les mesures qui visent à renforcer la réussite de notre jeunesse doivent s'accompagner d'une évolution de la formation des enseignants. L'évolution des ESPE en INSPE porte cette ambition. Tout d'abord, il nous semble essentiel de nous assurer qu'une culture commune entre tous les centres de formation des enseignants et entre l'ensemble des enseignants du premier et du second degré existe. Cette culture partagée permettrait ainsi de renforcer un travail collectif indispensable pour lutter contre le décrochage scolaire. En outre, inciter les enseignants à mener un travail davantage collaboratif me semble essentiel : collaborer avec ses pairs, les parents, les associations du territoire, partager la responsabilité de la réussite du jeune avec l'ensemble de la communauté doivent être les fondements de la formation de nos enseignants.

Afin de permettre cette mutation, pour que l'école s'ouvre au territoire, pour qu'elle s'organise autour d'un pacte collectif, il est nécessaire de développer l'expérimentation, la recherche, de partager et de mutualiser les bonnes pratiques. Le futur conseil d'évaluation de l'école, en évaluant les établissements scolaires permettra d'accompagner les équipes enseignantes dans cette voie. Ce doit être un outil de connaissance au service de la communauté éducative, de progrès de chacun et de l'égalité entre tous.

École de la confiance, confiance dans notre école. Nos enseignants s'engagent au quotidien, mais trop de jeunes quittent notre système éducatif insuffisamment formés et préparés à la connaissance des enjeux du monde actuel. Nous devons collectivement continuer à relever ce défi, ne pas nous satisfaire de demi-mesures, renforcer l'attractivité du métier d'enseignant et, plus généralement, de notre école. L'attractivité doit passer par la réussite de notre système éducatif, laquelle sera évaluée à l'aune de notre capacité à construire un avenir à chacun de nos jeunes. Cette ambition est bien réelle, de nombreuses mesures de ce projet de loi l'illustrent.

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