Intervention de Michèle Victory

Séance en hémicycle du lundi 11 février 2019 à 21h30
Pour une école de la confiance — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichèle Victory :

Monsieur le ministre, ce premier article va à l'encontre de ce que sont – si je ne me trompe – vos intentions, à savoir restaurer la confiance envers l'école. Vous nous appelez à relire la deuxième phrase de l'alinéa 2, qui a trait au « respect des élèves et de leur famille à l'égard de l'institution scolaire et de l'ensemble de ses personnels », mais il y a bien une raison expliquant que tant d'acteurs se soient focalisés sur la première phrase. La sacro-sainte exemplarité que vous réclamez laisse à penser que le corps enseignant n'est en majorité pas capable de faire la part des choses, de tendre comme chacun d'entre nous à la plus grande neutralité et objectivité possible. Les enseignants servent leur institution avec loyauté et conviction ; ils sont, à leur manière, les hussards de la République. Toutefois, en les enjoignant de suivre des directives de plus en plus contraignantes, nous construisons à l'intérieur de l'école une mini-société où l'engagement, contrairement à ce que vous affirmez, devient suspect et où les convictions et les passions sont confondues avec des partis pris irresponsables. Le modèle que nous offrons à notre jeunesse est celui d'un monde aseptisé, bien loin du monde réel, et peu enclin à favoriser l'esprit de libre arbitre que nous ne cessons de vanter. Que devient alors notre engagement, par exemple syndical ? Comment en arrive-t-on à la situation où les profs et les chefs d'établissements n'osent plus prononcer le mot « politique » sans se voir qualifier de dangereux activistes ?

La défiance que manifestent les parents à l'égard des enseignants reflète celle de la société dans son ensemble. Le métier est mal considéré. Comme me le disait hier un jeune enseignant, ce manque cruel de confiance ne peut être racheté : l'argent ne guérit pas l'épuisement. On demande beaucoup à nos enseignants ; en conséquence, ils vivent les possibles échecs avec violence. Ce qui s'effrite, c'est la confiance, remplacée par le terrible sentiment de culpabilité qu'ils éprouvent dans l'exercice de leur mission.

Monsieur le ministre, je vous l'assure avec la plus grande sincérité, ce que les enseignants attendent de votre part, c'est l'affirmation sans détour de votre confiance à leur égard, et sûrement pas une énième mise en garde qu'ils interpréteront, comme vous le savez, comme le signe d'une grande défiance.

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