Intervention de Jean-Michel Blanquer

Séance en hémicycle du mardi 12 février 2019 à 21h30
Pour une école de la confiance — Après l'article 1er

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse :

Sur ce débat, que vous avez placé sous un angle philosophique et historique, nous pourrions passer plusieurs heures. Pour l'aborder dans des conditions saines, cependant, gardons-nous de caricaturer jamais la position de l'autre. Vous vous êtes employés à inscrire le texte dans je ne sais quelle filiation autoritaire, ou dans celle de Saint-Just, ce qui est évidemment absurde. Comme toujours, ce qui est excessif est dérisoire.

Je l'ai dit au commencement de nos débats : par « école de la confiance » il faut entendre, notamment, la confiance entre les parents et l'école. Personne ne nie le rôle primordial des parents, ne serait-ce que par une évidence chronologique. Loin de nous, donc, l'idée de contester en quoi que ce soit le rôle éducatif de la famille.

Vous vous êtes aussi fondés sur la distinction classique entre l'instruction et l'éducation. Le premier rôle de l'école est l'instruction, c'est exact, mais il n'y a pas lieu de l'opposer à l'éducation. Tout cela est même un peu paradoxal par rapport à nos discussions précédentes, où l'on vous a entendus plaider, de façon vibrante et avec des arguments auxquels je souscrivais en partie, pour l'apprentissage de La Marseillaise et des emblèmes nationaux. Cet apprentissage, vous souhaitez donc le confier à l'école. Dès lors, que faire, selon vous, si une famille est contre notre hymne et contre nos emblèmes ? L'école ne doit-elle pas, surtout en pareil cas, transmettre les valeurs qui sont celles de notre pays ?

Entre les familles et la communauté éducative, nous devons bien plutôt assurer une convergence, dans une optique de coéducation. Ce dernier mot, je l'assume pleinement : loin de nier le rôle de la famille, nous l'inscrivons dans cette nécessaire convergence, sans oublier le rôle émancipateur de l'école que rappelait Mme la rapporteure, car chaque trajectoire est particulière.

Nous avons à relever des défis sociétaux considérables, en particulier vis-à-vis des petites filles. Sur ce plan, l'instruction obligatoire dès l'âge de 3 ans fait partie des réponses que nous pouvons apporter. En général, vous êtes assez sensibles aux conflits sociétaux ; aussi je m'étonne, alors même que nous cherchons à y répondre – prolongeant en cela le débat que nous avions eu sur la loi Gatel – , de vous entendre invoquer des références assez anciennes, vous abritant ainsi derrière la théorie. Cela vous permet d'occulter le fait que c'est nous qui, en l'espèce, luttons contre les facteurs d'asservissement, en particulier des petites filles.

Je vous invite donc à réfléchir, non seulement aux tenants de vos raisonnements, mais aussi à leurs aboutissants pratiques. L'avis est évidemment défavorable.

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