Intervention de Raphaël Gérard

Réunion du mercredi 21 novembre 2018 à 16h30
Délégation aux outre-mer

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRaphaël Gérard :

Monsieur le ministre, permettez-moi tout d'abord de vous remercier d'être avec nous aujourd'hui. Je vais sans doute revenir sur des sujets déjà abordés et sur un aspect que vous avez, à ma grande satisfaction, vous-même souligné dans votre propos liminaire, à savoir l'importance de la culture dans le sentiment d'appartenance à la communauté nationale.

Aujourd'hui, vous parlez de l'« archipel France ». Le Président de la République l'a lui-même évoqué, et je pense que nous serons tous d'accord ici pour dire que nous comprenons bien ce que cette expression signifie. Mais si cet archipel France est une évidence pour nos compatriotes ultramarins, il est bien moins évident pour nos compatriotes hexagonaux. Aujourd'hui, le véritable enjeu est de faire en sorte que nous apprenions à mieux nous connaître et à mieux valoriser ces cultures ultramarines pour que l'ensemble de nos concitoyens se reconnaissent dans cet archipel France et fassent de cette diversité et de notre présence sur tous les bassins océaniques un réel atout de rayonnement culturel.

Je reviendrai donc sur deux exemples : la Cité des outre-mer qui est, il est vrai, un serpent de mer, un vieux projet. C'est sans doute mon côté « en même temps », mais je pense que l'un n'est pas incompatible avec l'autre. Je ne voudrais pas voir se reproduire l'erreur de France Ô dans le traitement de la Cité des outre-mer, et que l'on se donne bonne conscience en pensant que, dès lors que les Ultramarins auraient un lieu culturel, on aurait traité le sujet : ce serait aller à l'inverse du but recherché. En revanche, traiter ce projet en considérant que l'approche digitale est la réponse n'est pas non plus une solution satisfaisante aujourd'hui. Car elle risque à nouveau de renvoyer les cultures ultramarines à la marge.

À mon avis, la Cité des outre-mer doit plutôt s'inventer autour d'un réseau qui s'appuierait sur des établissements existants : si l'on parle de visibilité des cultures ultramarines sur les grandes chaînes du service public audiovisuel, on doit aussi penser à leur visibilité dans les grands établissements culturels, les musées et les théâtres par exemple. Je ne comprends pas pourquoi, aujourd'hui, une compagnie de danse ou une compagnie de théâtre ultramarine serait systématiquement renvoyée vers le ministère des outre-mer pour ses demandes de subventions et n'entrerait pas dans le domaine naturel de compétence du ministère de la culture ; pourquoi une compagnie ultramarine de danse contemporaine n'aurait pas accès au théâtre de Chaillot ou à d'autres grands établissements pour ses résidences et ses créations. Je pense que la réponse passe par le traitement de cette question.

Le numérique peut permettre de donner du lien et de la lisibilité à cette politique, mais celle-ci ne peut être impulsée que par le ministère de la culture, en lien évidemment avec votre collègue des outre-mer. Le ministère de la culture doit se réapproprier la culture ultramarine comme étant une des composantes de la culture nationale.

Sur ces mêmes aspects, je dirai également un mot à propos de France Ô. Je partage complètement l'analyse de Maina Sage : les propositions faites dans le cadre du groupe de travail, la semaine dernière, sont non seulement insatisfaisantes mais, de plus, ne font que reproduire le problème. Le problème de France Ô n'est pas la qualité de ses programmes, car elle reste une des très bonnes chaînes du service public, proposant des programmes de qualité – on ne le dit pas assez. Penser que créer une semaine des outre-mer ou une case ultramarine permettra de régler la question de la visibilité des ultramarins sur les chaînes de service public me semble une bien mauvaise approche, qui ne fait que reproduire le problème rencontré par France Ô.

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