Intervention de Général Bernard Fontan

Réunion du mardi 5 février 2019 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Bernard Fontan, directeur central du service d'infrastructure de la défense :

Sur ce dernier point, les normes allemandes ne sont pas identiques aux nôtres. Au camp de Niamey, nous nous sommes déployés en trois étapes : d'abord sous tente, puis dans des bungalows amenés de métropole et montés sur place, avec un système d'électricité, de rafraîchissement et de sanitaires adaptés. Enfin, la construction en dur se fait avec des entreprises locales qui ont les techniques et les matériaux appropriés. Les Allemands, pour leur part, importent, par convois logistiques, des bungalows lourds qui ne sont pas adaptés au climat. Il est pour autant difficile de faire du photovoltaïque – vous mentionnez la poussière qui se dépose, mais sur la base de Madama, dans le nord du Niger, c'est le vent qui la rend particulièrement abrasive. Il faut donc réaliser des nettoyages fréquents. Ce n'est pas une solution que nous écartons mais pour l'instant, ce ne peut être qu'un complément dans le soutien que nous apportons aux forces déployées en opérations extérieures. En revanche, nous mutualisons avec les Allemands, installés dans la partie nord du camp de Niamey, les réseaux d'énergie et de traitement des eaux. À partir de bases différentes, nous aboutissons à une conception commune de la zone vie du camp.

En ce qui concerne les bâtiments du XIXe siècle, vous connaissez le modèle commun de caserne en U et en carré, réalisées avec des matériaux locaux – le sous-bassement en pierre de lave à Clermont-Ferrand, le tuffeau ailleurs. Il est certain que s'il est nécessaire de reprendre tous les réseaux – eau, électricité, chauffage –, remettre aux normes thermiques en isolant des toitures et en posant de nouvelles huisseries, éventuellement mettre aux normes PMR, si le bâtiment n'est pas réservé à des troupes opérationnelles, comme adapter les largeurs pour les personnes à mobilité réduite, le coût de réhabilitation peut aisément atteindre celui du neuf. Il le dépasse parfois avec les coûts liés à la déconstruction, même s'il commence à y avoir des filières de traitement et de valorisation de ce type de déchets. Et il ne faut pas omettre de citer les problématiques liées à l'amiante qui représentent un coût non négligeable dans de nombreuses opérations INFRA. Dans la mesure où les bâtiments ne sont pas classés, nous n'écartons pas la solution que vous mentionnez. Mais il y a aussi une solution intermédiaire, comme celle qui a été utilisée à Carcassonne : les troupes du 3e RPIMa ont été logées pendant deux ans dans des bungalows, le temps de reprendre et de rehausser l'ancien bâtiment. On a en quelque sorte fait du neuf sur l'ancien, tout en augmentant la capacité d'accueil et le niveau de confort. Le bâtiment Catalpa répond à ces besoins de mise aux normes, tout en permettant une mise en service rapide. Il s'inscrit dans la manoeuvre de développement durable puisqu'il est conforme à la réglementation thermique de 2012, assure un confort acoustique performant et est très peu énergivore.

Vous avez raison. Quand on engage une restaurationrestructuration lourde, on compare toujours son coût à celui du coût d'une déconstruction et de la construction sur site d'une INFRA neuve. Quant à vendre ces bâtiments pour construire de nouvelles capacités INFRA neuves ailleurs, il faut avoir conscience que les casernes de l'armée de terre occupent souvent une place centrale dans les petites villes où elles sont implantées. De plus, on ne trouverait pas forcément un acquéreur pour reprendre les emprises cédées et nous conserverions de facto le coût du gardiennage des emprises « abandonnées » tout en devant assumer les responsabilités en cas d'incident, de vol ou d'incendie ; je pense par exemple à la garnison de Tarbes où deux régiments de la 11e brigade parachutiste sont implantés, et je ne crois pas que le maire apprécierait de voir partir cette population nombreuse et dynamique, qui fait vivre le centre-ville de cette agglomération. L'aspect économique est intégré aux réflexions du ministère mais il a aussi une dimension économique et sociale locale non négligeable.

Une question portait, je crois, sur le taux de vacance des logements domaniaux.

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