Intervention de Julien Dive

Séance en hémicycle du jeudi 21 février 2019 à 15h00
Interdiction du glyphosate — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulien Dive :

Madame la rapporteure, je vous invite à venir visiter un champ, en Picardie, qui applique la technique dite de l'agriculture de conservation des sols – je vous y emmène quand vous voulez, pourquoi pas à l'issue des débats. Vous verrez une technique de culture qui consiste à ne plus labourer son champ mais à assurer la rotation des cultures en place, une technique de culture qui a divisé par quatre l'érosion des sols, qui a amélioré les réserves utiles en eau, où le sol joue le rôle de stockeur de C02, une technique qui a réduit de moitié, voire davantage, l'application d'intrants et de produits phytosanitaires, une technique qui a diminué la consommation de fioul jusqu'à quarante litres par hectare. Ces sols ont vu réapparaître une faune de rongeurs, de lombrics et de volatiles. Pourtant, cette technique nécessite l'application de cet herbicide.

Ce n'est pas de la théorie, ni de la spéculation, mais le résultat concret que j'ai pu constater. Or cet agriculteur, qui recourt à la technique de conservation des sols, laquelle présente de nombreuses vertus, qui répandra cinq à dix fois moins de glyphosate qu'en Argentine pour produire du soja, l'adoption de votre proposition de loi le conduirait dans une impasse, faute d'alternative immédiatement exploitable. Et ce sera encore vrai dans quelques mois si nous ne l'accompagnons pas !

La sortie du glyphosate en France est en cours. Je suis persuadé que nous réussirons dans la quasi-totalité des situations, mais je m'inquiète pour ceux que nous pourrions laisser de côté, mettre en péril, sans alternative possible, si nous ne prenons pas les bonnes décisions, avec pragmatisme et sans dogmatisme. Ce sont tous ceux à qui il sera laissé comme alternative le recours à des produits aux conséquences bien plus néfastes pour la sécurité sanitaire et l'environnement. Ce sont tous ceux pour qui les alternatives mécaniques ou robotiques ne sont pas au point pour répondre aux enjeux de leur exploitation. Ce sont tous ceux que certains ne veulent pas voir.

Pour conclure, je vous invite, madame la rapporteure, à participer aux travaux que nous menons au sein de la mission de sortie du glyphosate, pour trouver des solutions, sans coup de menton et sans mettre la charrue avant les boeufs.

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